L’accord pétrolier EAU-Israël: une révolution géopolitique?

La normalisation des liens entre les Émirats arabes unis (EAU) et Israël soulève des questions cruciales sur l'accord pétrolier et l'oléoduc Eilat-Ashkelon. Cet accord potentiel, qui permettrait de contourner le canal de Suez, pourrait avoir des implications majeures pour les routes d'approvisionnement en pétrole au Moyen-Orient, redessinant ainsi les équilibres stratégiques de la région.

Partager:

Les articles d'energynews.pro en intégralité à partir de 4.90$/mois sans engament

30 000 articles déjà publiés depuis 2021.
150 nouvelles analyses chaque semaine pour décrypter les marchés.

Digital PRO access MENSUEL

Accès immédiat — 4.90$/mois*

sans engagement - annulable à tout moment, activation en 2 minutes

*Tarif indiqué HT applicable pendant 1 mois d’abonnement sans engagement, puis révisé à 14.90 $/mois à partir du 2ᵉ mois.

Digital PRO access annuel

Accès immédiat — 99$/an*

Pour accéder à tout energynews.pro sans aucune limite

*Tarif indiqué HT applicable pendant 1 an d’abonnement, puis révisé à 149,00 $/mois à partir de la 2ᵉ année.

L’accord pétrolier EAU-Israël constitue-t-il un tournant stratégique au Moyen-Orient ? C’est en tout cas la question qui se pose après la normalisation historique des liens entre les deux pays. Le gouvernement israélien vient effectivement d’annoncer l’ouverture avec Dubaï de discussions concernant l’utilisation d’un oléoduc commun (l’Europe Asia Pipeline). Celui-ci relie le port d’Eilat, en mer Rouge, à Ashkelon, en Méditerranée, contournant ainsi le canal de Suez.

Doté d’une capacité de 600 000 barils/jour, ce pipeline servira principalement à acheminer du brut du Moyen-Orient vers l’Europe. Il sera cogéré par la compagnie d’État israélienne EAPC et la compagnie émiratie MED-RED Land Bridge. Fonctionnant dans les deux sens, l’oléoduc pourra transporter également du brut d’Asie centrale et d’Europe vers l’océan indien. Si ce projet venait à se concrétiser, il pourrait ainsi devenir une route pétrolière majeure dans les années à venir.

L’importance stratégique de l’accord pétrolier EAU-Israël

L’annonce des discussions sur le pipeline Eilat-Ashkelon a entraîné une onde de choc au Moyen-Orient. La question des routes d’approvisionnement du pétrole est en effet centrale dans une région toujours très dépendante des exportations d’hydrocarbures. Plusieurs facteurs expliquent l’importance stratégique de cette nouvelle route.

accord pétrolier EAU-Israël

La vulnérabilité du canal de Suez

Le premier facteur tient aux vulnérabilités rencontrées par la route du canal de Suez et son oléoduc, le SUMED. Du fait de son manque de profondeur, le canal est effectivement incapable de faire naviguer les supertankers dits VLCC. Ces derniers peuvent charger environ 2 millions de barils soit deux fois plus que le maximum autorisé sur cette route. En conséquence, les transporteurs de brut  doivent utiliser deux navires au lieu d’un seul VLCC engendrant des coûts supplémentaires.

Ils peuvent également faire transporter leur brut via le SUMMED pipeline construit parallèlement au canal de Suez. Le problème réside néanmoins dans la capacité limitée de l’oléoduc qui ne peut accueillir que 2,34 millions de barils/jour. Cela ne représente guère que 40 % des flux pétroliers traversant le canal. Avec la hausse du trafic, on peut donc s’attendre à un engorgement rapide de cette route dans les prochaines années.

Or, il faut rappeler que le canal de Suez représente la troisième route pétrolière de transit au monde. C’est ainsi près de 6 millions de barils qui sont transportés chaque jour par cette voie. Dès lors, l’oléoduc EAU-Israël constitue une alternative intéressante pour permettre notamment l’usage des VLCC et désengorger le trafic.

Un conflit d’influence avec la Turquie

L’accord pétrolier EAU-Israël doit être aussi perçu comme une stratégie d’influence des deux pays sur la scène régionale. Pour le gouvernement israélien, l’accord entrevoit ainsi la possibilité de faire du pays une zone de transit vers l’Europe. Dans cette optique, Tel-Aviv ambitionne de devenir un hub pétro-gazier et ce afin d’augmenter sa capacité d’influence dans la région. Cette ambition est d’ailleurs partagée par la Turquie qui fait figure de grande perdante du rapprochement entre Dubaï et Tel-Aviv.

Pour les Émiratis, en effet, l’accord pétrolier sert à contrer l’influence turque sur le transit vers l’Europe. Dubaï espère ainsi concurrencer la route Kirkouk-Ceyhan qui fait transiter 500 000 barils/jour de brut irakien par la Turquie. Les EAU ont également l’ambition de livrer du gaz à l’Europe via une extension du gazoduc EastMed. Cela pourrait permettre de valoriser les immenses découvertes de gaz faites récemment par Dubaï dans son champ de Jebel Ali.

À cet instant, cependant, ce projet gazier n’a guère dépassé le stade des simples discussions. Néanmoins, il pourrait constituer un élément important dans la future relation entre les gouvernements israélien et émirati.

Les incertitudes de l’accord pétrolier EAU-Israël

Par certains aspects, l’accord pétrolier EAU-Israël est très ambitieux et ne se limite pas au seul secteur du pétrole. Pourtant, des zones d’ombre demeurent mettant en doute la véritable portée stratégique de l’accord.

Le manque de transparence du projet

Une des premières interrogations du projet concerne son relatif manque de transparence. En effet, le gouvernement israélien s’est toujours refusé à publier des informations sur l’état physique et financier de l’oléoduc. Cela tient au caractère particulier du pipeline Eilat-Ashkelon qui fut conçu au départ comme un projet commun avec l’Iran. Après la révolution islamique de 1979, il fut nationalisé unilatéralement par Israël créant un contentieux juridique entre les deux pays.

Depuis lors, on ne sait absolument rien des compagnies qui utilisent l’oléoduc. Ce manque de transparence est particulièrement problématique pour les investisseurs, notamment en cas de sinistre environnemental. Rappelons qu’en 2014, cet oléoduc fut responsable de la pire catastrophe écologique de l’histoire d’Israël. L’absence de transparence pourrait ainsi considérablement réduire l’intérêt des investisseurs pour ce projet.

Les incertitudes issues de la géopolitique régionale

Une autre interrogation concerne les effets géopolitiques de l’accord pétrolier EAU-Israël. En effet, en contournant le canal de Suez, le projet d’accord a provoqué l’ire de l’Égypte. Pour Le Caire, il s’agit d’un enjeu crucial pour ses finances publiques et son statut dans la région. Dans ces conditions, il n’est pas impossible que les EAU et Israël limitent leurs ambitions afin de satisfaire les égyptiens.

De même, cet accord ne règle absolument pas les problèmes de transit dans les détroits d’Hormuz et de Bab-el-Mandeb. Les rivalités avec l’Iran et l’instabilité au Yémen seront donc toujours des obstacles importants aux exportations émiraties vers l’Europe. La solution serait dès lors d’utiliser l’oléoduc Est-Ouest qui traverse l’Arabie saoudite jusqu’à la mer Rouge. Cela dépendra néanmoins des capacités du pipeline ainsi que de la reconnaissance de l’État d’Israël par Riyad.

Il est donc encore trop tôt pour dire si l’accord pétrolier EAU-Israël constitue une véritable révolution géopolitique. Afin qu’elle le soit, le pipeline devra sans doute s’étendre vers les pays du Golfe. Dans les faits, la portée du projet dépendra ainsi en grande partie de l’attitude de l’État saoudien vis-à-vis d’Israël.

Trump lie de nouvelles sanctions contre Moscou à l’arrêt du pétrole russe dans l’Otan

Donald Trump menace d’intensifier les sanctions américaines contre la Russie, mais uniquement si les pays de l’Otan interrompent tous leurs achats de pétrole russe, encore actifs via certains oléoducs.

Zelensky demande à la Slovaquie de cesser ses achats de pétrole russe via Droujba

Le président ukrainien a exigé l’arrêt des importations de brut russe par la Slovaquie, en proposant une alternative d’approvisionnement, dans un contexte marqué par la guerre et les tensions diplomatiques croissantes autour de l’oléoduc Droujba.

Washington réduit les droits de douane et ouvre la voie à 550 milliards d’investissements japonais

Les États-Unis abaissent les tarifs appliqués aux importations japonaises à 15 %, tandis que Tokyo s’engage dans un plan massif d’investissements ciblant l’énergie, l’industrie et l’agriculture américaines.
en_114070920252540

Brésil mise sur la Cop 28 pour structurer l’agenda diplomatique de la Cop 30

La présidence brésilienne de la Cop 30 veut s’appuyer sur les engagements de Dubaï pour mobiliser acteurs publics et privés malgré les blocages persistants dans les négociations internationales.

Le Brésil demande son adhésion complète à l’Agence internationale de l’énergie

Brasília a officiellement entamé le processus d’adhésion à l’Agence internationale de l’énergie, renforçant ainsi son positionnement stratégique sur la scène énergétique mondiale après des années de coopération étroite avec l’organisation basée à Paris.

Poutine demande à la Slovaquie de bloquer les flux énergétiques vers l’Ukraine

En déplacement à Pékin, Vladimir Poutine a appelé la Slovaquie à suspendre ses livraisons d’énergie à l’Ukraine, en réponse aux frappes ukrainiennes sur les infrastructures énergétiques russes.
en_11402092043540

Moscou et Bratislava discutent du conflit ukrainien et de la coopération énergétique

Vladimir Poutine et Robert Fico se sont rencontrés en Chine pour aborder la guerre en Ukraine, la sécurité régionale et les relations énergétiques entre la Russie et la Slovaquie.

Fico rencontrera Poutine en Chine avant d’accueillir Zelensky en Slovaquie

Le Premier ministre slovaque Robert Fico prévoit une rencontre avec Vladimir Poutine à Pékin avant de recevoir Volodymyr Zelensky à Bratislava, marquant un tournant diplomatique dans ses relations avec Moscou et Kyiv.

Londres, Paris et Berlin activent des sanctions contre l’Iran, risquant de perturber le brut

Les trois puissances européennes déclenchent le mécanisme de sanctions onusiennes contre l’Iran, mettant sous pression les exportations pétrolières du pays au moment où Téhéran maintient une production élevée malgré les mesures occidentales.
en_11403008278540

Retour des inspecteurs de l’AIEA en Iran après un mois de rupture diplomatique

L’Iran autorise de nouveau l’Agence internationale de l’énergie atomique à inspecter ses sites nucléaires, après une suspension provoquée par un différend sur la responsabilité des frappes israéliennes.

L’Ukrainien arrêté en Italie refuse l’extradition pour sabotage de Nord Stream

Premier suspect lié aux explosions du gazoduc Nord Stream, un citoyen ukrainien contesté par Berlin s’oppose à son transfert judiciaire depuis l’Italie.

Des drones ukrainiens frappent des sites énergétiques russes et ravivent les tensions

Des drones ukrainiens ont visé une centrale nucléaire et un terminal pétrolier russes, accentuant la pression sur les discussions diplomatiques, alors que Moscou et Kiev s’accusent mutuellement de bloquer toute perspective de négociation.
en_1140250836540

Un Ukrainien arrêté en Italie pour son rôle présumé dans le sabotage de Nord Stream

Un ressortissant ukrainien suspecté d’avoir coordonné le sabotage des gazoducs Nord Stream a été interpellé en Italie, relançant une affaire judiciaire aux fortes implications géopolitiques en Europe.

Russie et Inde renforcent leurs échanges énergétiques malgré la pression américaine

La Russie poursuit ses livraisons d’hydrocarbures vers l’Inde et explore de nouveaux débouchés pour son gaz naturel liquéfié, dans un contexte de tensions commerciales croissantes avec les États-Unis.

Les frappes russes menacent la coopération gazière entre l’Azerbaïdjan et l’Ukraine

Des infrastructures énergétiques azerbaïdjanaises visées en Ukraine remettent en question la sécurité des flux gaziers entre Baku et Kyiv, alors qu’un nouvel accord de livraison vient à peine d’être signé.
en_1140180842540

L’Iran coupe 1,4 GW à l’Irak, Bagdad accélère les interconnexions régionales

La suspension des 1 400 MW d’électricité fournis par l’Iran à l’Irak met sous pression le réseau irakien, tandis que Téhéran enregistre une demande record de 77 GW et doit arbitrer entre consommation interne et obligations régionales.

La Chine rejette la menace européenne de rétablir les sanctions contre l’Iran

Pékin s’oppose à l’éventuel retour des sanctions du trio européen contre l’Iran, alors que l’échéance de l’accord sur le nucléaire approche et que les tensions diplomatiques s’intensifient autour de Téhéran.

Washington renforce ses liens avec le Pakistan autour des minerais et hydrocarbures

Les États-Unis projettent de collaborer avec le Pakistan dans les minerais critiques et les hydrocarbures, en explorant des coentreprises et projets dans des zones stratégiques comme le Baloutchistan.
en_114014082030540

La Russie fait adopter ses normes pétro-gazières par l’Afrique et le Moyen-Orient

Environ 80 normes techniques russes pour le pétrole et le gaz ont été validées à l’international, notamment par les Émirats arabes unis, l’Algérie et Oman, selon l’Institut des initiatives technologiques pétrolières.

Irak et Syrie relancent le pipeline Kirkuk-Baniyas pour contourner les routes traditionnelles

Bagdad et Damas intensifient leurs discussions pour réactiver l'oléoduc de 850 km fermé depuis 2003, offrant une alternative méditerranéenne face aux tensions régionales et aux blocages d'exportation.

Connectez-vous pour lire cet article

Vous aurez également accès à une sélection de nos meilleurs contenus.

ou

Passez en illimité grâce à notre offre annuelle:
99$ la 1ère année, puis 199$ /an.