Le groupe énergétique américain Duke Energy a officiellement soumis une demande de permis auprès de la Commission de réglementation nucléaire des États-Unis (Nuclear Regulatory Commission) dans le but d’évaluer la possibilité d’implanter un réacteur nucléaire sur le site de sa centrale de Belews Creek, en Caroline du Nord. Ce processus de permis de site anticipé pourrait durer 18 mois et vise à réduire les risques de retard si le groupe décidait, dans les prochaines années, d’engager la construction d’une unité nucléaire.
Une stratégie sans engagement de construction immédiate
Duke Energy précise qu’aucune décision n’a été prise concernant la construction d’un nouveau réacteur. L’objectif du dépôt est de sécuriser en amont les étapes réglementaires et environnementales. Le permis couvre un périmètre de 1 000 acres situé à proximité de l’actuelle centrale thermique à charbon et gaz, dont la mise en service remonte à 1974. Ce site dispose aujourd’hui d’une capacité installée de 2 200 mégawatts, avec une fermeture prévue des unités existantes dans les années 2030.
Le dépôt du permis s’inscrit dans une stratégie de diversification énergétique. L’entreprise y voit une démarche de « gestion des risques » afin de conserver une flexibilité technologique. En effet, six technologies nucléaires sont envisagées dans la demande : quatre conceptions de petits réacteurs modulaires (Small Modular Reactors – SMR) et deux autres de type non léger à eau.
Optimisation des sites existants et réduction des coûts
L’utilisation d’un site déjà équipé en infrastructures de transport et de production d’électricité permettrait, selon Duke, de réaliser des économies significatives en temps et en argent. La centrale de Belews Creek a déjà fait l’objet d’une conversion partielle vers le gaz naturel en 2020 et 2021, ce qui facilite l’intégration de nouvelles sources d’énergie.
Selon les données communiquées, Duke envisage, en cas d’approbation, d’installer environ 600 mégawatts de capacité nucléaire avancée d’ici 2037, avec une première mise en service potentielle dès 2036. Le permis, s’il est approuvé, serait valide pour une durée de 20 ans, renouvelable une fois pour la même période.
Préparer le réseau face à la demande croissante
La transition engagée par Duke Energy implique la fermeture ou la reconversion de l’ensemble de ses centrales à charbon en Caroline du Nord dans les quinze prochaines années. Cette transformation structurelle du mix énergétique nécessite des solutions de remplacement stables et capables de répondre à une demande en hausse. Le groupe a indiqué, dans ses récentes projections, que la productivité attendue des futures capacités nucléaires surpasserait significativement celle des nouvelles installations solaires, bien que ces dernières soient plus nombreuses.
Le recours au nucléaire dans ce contexte s’inscrit également dans le cadre réglementaire du Carbon Plan, une loi de l’État de Caroline du Nord exigeant une réduction progressive des émissions de dioxyde de carbone.