La Turquie prévoit de conclure un accord spécifique avec la Syrie en 2026 pour entamer des activités d’exploration énergétique offshore. Cette initiative, annoncée par le ministre turc de l’Énergie, Alparslan Bayraktar, s’inscrit dans le prolongement du rapprochement diplomatique et énergétique amorcé entre les deux États au cours de l’année 2025.
Un cadre bilatéral en préparation pour les opérations en mer
Le ministre turc a indiqué que, bien qu’un accord-cadre général existe déjà avec la Syrie, un texte distinct sera nécessaire pour lancer les opérations en mer. Les discussions visent à établir un document juridiquement contraignant permettant de lancer des études sismiques préalables à toute décision de forage. Ces campagnes géophysiques, première étape des projets d’exploration offshore, permettent de déterminer la structure géologique des fonds marins afin d’évaluer le potentiel en hydrocarbures.
Bayraktar a précisé que les forages ne commenceront probablement pas avant la signature de cet accord spécifique. Les activités devraient se concentrer dans un premier temps sur des analyses techniques afin de rassembler les données nécessaires à l’élaboration d’un éventuel programme de forage exploratoire.
Un partenariat énergétique initié en mai 2025
Un accord de coopération énergétique a été signé entre la Turquie et la Syrie en mai 2025 à Damas, incluant les secteurs de l’énergie, des mines et des hydrocarbures. Depuis cette signature, plusieurs projets conjoints ont été mis en œuvre, dont le transfert de gaz azéri vers la Syrie via la Turquie. Ces livraisons, démarrées en été 2025 par la province frontalière de Kilis, s’intègrent dans les efforts d’Ankara pour soutenir la reconstruction énergétique syrienne.
Les infrastructures du pays restent fortement endommagées après plus d’une décennie de conflit, ce qui représente un défi logistique mais aussi une opportunité de coopération technique dans la région.
Potentiel géologique incertain au large des côtes syriennes
La zone maritime syrienne se situe à la périphérie du bassin du Levant, une région de la Méditerranée orientale où plusieurs découvertes majeures de gaz naturel ont été faites ces dernières années, notamment au large d’Israël, de Chypre et de l’Égypte. Une étude publiée par le U.S. Geological Survey (USGS) en 2010 estimait que le bassin pourrait contenir en moyenne 122 trillions de pieds cubes de gaz non découverts techniquement récupérables, ainsi que 1,7 milliard de barils de pétrole.
En Syrie, l’exploration offshore est restée limitée. Un accord signé en 2013 entre le gouvernement syrien et la société russe Soyuzneftegaz n’a pas conduit à des résultats commerciaux concrets, les opérations ayant été suspendues dans le contexte de la guerre et des sanctions internationales.
La Méditerranée orientale reste une zone sous tension
L’engagement croissant de la Turquie dans la Méditerranée orientale s’ajoute à une politique énergétique marquée par une forte dépendance aux importations, représentant environ 70% de sa consommation. Bien que des gisements aient été découverts en mer Noire, Ankara poursuit sa stratégie d’expansion régionale.
En 2020, des tensions diplomatiques avaient éclaté entre la Turquie et la Grèce, appuyée par la France, à la suite de projets d’exploration turcs dans des zones contestées. Le déploiement du navire de recherche Oruç Reis avait provoqué une réaction militaire avec l’envoi d’avions Rafale et de navires français dans la zone. Le projet d’exploration avec la Syrie pourrait ainsi rouvrir des débats autour des équilibres maritimes et des droits d’exploitation en Méditerranée orientale.