La cheminée de 297 mètres de la centrale thermique de Provence, à Gardanne, a repris du service après des années d’arrêt. Passée d’une capacité charbon de 600 mégawatts (MW) à une tranche biomasse de 150 MW, l’installation peut désormais alimenter environ 125 000 foyers. Propriété du groupe tchèque EPH via sa filiale GazelEnergie depuis 2019, le site est présenté comme la seule centrale charbon d’Europe reconvertie intégralement à la biomasse.
Une reconversion longue et coûteuse
Engagée dès le rachat de l’usine, la transformation a été marquée par une importante restructuration sociale, avec la suppression de 98 postes sur 180 et un arrêt prolongé d’activité jusqu’en 2022. Les pertes enregistrées par l’entreprise sont estimées à 650 millions EUR ($714mn), selon la direction. Le redémarrage a été officialisé fin 2025, dans un contexte post-crise énergétique.
Une filière bois sous surveillance
Le plan d’approvisionnement prévoit 450 000 tonnes de bois par an, réparties entre 60 000 tonnes de déchets de bois, 150 000 tonnes de bois importé (Espagne, Italie, Brésil) et 240 000 tonnes de bois issu de forêts françaises situées dans un rayon de 240 kilomètres. Des engagements ont été pris pour exclure les prélèvements en zones Natura 2000 sur le territoire national, à la suite d’une enquête publique couvrant 324 communes.
Un contrat de rachat d’énergie contesté
Le renouvellement du contrat de rachat d’énergie signé avec l’État fin 2024, estimé à 800 millions EUR ($878mn) sur huit ans pour 4 000 heures de production par an, suscite des critiques. Plusieurs associations dénoncent un manque de transparence et des conditions financières jugées excessivement favorables. Selon France Nature Environnement Provence-Alpes-Côte d’Azur, le tarif garanti serait deux fois supérieur à celui appliqué à l’éolien terrestre.
Des tensions persistantes sur le modèle économique
Le Conseil d’État avait contraint l’opérateur en 2023 à réviser son plan d’approvisionnement, face aux risques pesant sur les massifs forestiers. Malgré ces ajustements, les acteurs associatifs restent sceptiques sur la durabilité du modèle. Ils s’inquiètent également de possibles contournements via l’importation de bois issu d’espaces protégés hors de France.