La Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête visant à déterminer si le soutien public proposé par le gouvernement tchèque à la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires est conforme aux règles européennes en matière d’aides d’État. Ce projet, prévu sur le site de Dukovany, s’inscrit dans la stratégie énergétique de Prague pour réduire sa dépendance aux combustibles fossiles.
Un prêt d’État et un prix garanti sur 40 ans
Le gouvernement tchèque prévoit un prêt à taux bonifié compris entre €23bn et €30bn ($25.48bn à $32.88bn) pour couvrir la totalité des coûts de construction des deux réacteurs. Parallèlement, un mécanisme de « contrat pour différence » (CFD) garantirait un prix plancher pour l’électricité produite par ces installations pendant une période de 40 ans.
Ce modèle vise à sécuriser les revenus du consortium EDU II, en charge du projet, dont 80 % sont détenus par l’État tchèque et 20 % par le groupe énergétique ČEZ, unique opérateur nucléaire du pays. Le chantier a été attribué à Korea Hydro & Nuclear Power (KHNP), pour un montant contractuel de €16bn ($17.52bn).
Une décision stratégique dans un contexte énergétique régional
La Commission européenne a reconnu que, selon une première analyse, le projet semble répondre à un besoin économique identifié. Toutefois, elle précise « avoir des doutes sur la pleine conformité aux règles sur les aides d’État » et souhaite examiner la proportionnalité et la pertinence du dispositif.
Les autorités tchèques comptent démarrer les travaux en 2029, pour une mise en service du premier réacteur en 2036. Il s’agit de l’un des investissements énergétiques les plus importants de l’histoire du pays, qui compte 10,9 millions d’habitants et cherche à se détourner du charbon tout en consolidant son autonomie vis-à-vis des importations énergétiques russes.
Une surveillance accrue des mécanismes de soutien public
Le mécanisme de CFD, de plus en plus utilisé pour soutenir les investissements dans les infrastructures énergétiques lourdes, reste étroitement surveillé par Bruxelles, qui cherche à éviter toute distorsion de concurrence sur le marché intérieur. Le cas tchèque pourrait ainsi devenir une référence dans la manière dont les États membres structurent leurs soutiens au nucléaire civil.