Le nouveau ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce, Karel Havlicek, a annoncé le rejet catégorique par son gouvernement du prochain système d’échange de quotas d’émissions de l’Union européenne, connu sous le nom d’ETS2. Ce dispositif, prévu pour 2028, doit s’appliquer aux secteurs du bâtiment et du transport routier dans le cadre du Pacte vert européen. Le gouvernement tchèque considère que cette mesure imposera un fardeau financier disproportionné aux ménages et aux entreprises.
Un coût estimé à 40 milliards de couronnes par an
Le gouvernement, dirigé par le Premier ministre Andrej Babis et composé de partis populistes et d’extrême droite, a fait de l’ETS2 l’un de ses premiers points de rupture avec Bruxelles. Selon les estimations fournies par les autorités tchèques, la participation au mécanisme coûterait environ 40 milliards de couronnes (1,92 milliard $) par an à l’économie nationale, un montant jugé supérieur aux potentielles sanctions encourues en cas de non-application.
Havlicek a précisé que cette position ne relève pas d’un isolement, mais d’une volonté de réformer le système européen. « Nous voulons être le pays qui mène une refonte en profondeur du dispositif », a-t-il déclaré, tout en cherchant à rassembler d’autres États membres autour de cette opposition.
Un déséquilibre avec les grandes puissances
La République tchèque, qui abrite une importante industrie automobile, dénonce depuis plusieurs années le niveau élevé des prix de l’énergie. Les dernières données d’Eurostat montrent que les prix de l’électricité pour les ménages figuraient parmi les plus élevés de l’Union dans la première moitié de l’année.
Le ministre a comparé l’approche européenne à une voiture fonçant vers un mur tout en se félicitant d’être électrique, soulignant que les objectifs climatiques nuisent à la compétitivité face à des pays comme la Chine et les États-Unis. « Nous devons commencer à suivre le rythme des grandes puissances », a-t-il affirmé, exprimant la crainte d’un transfert des investissements vers des régions offrant des conditions plus favorables aux entreprises.
Havlicek a ajouté qu’il refusait que l’industrie tchèque serve de « paillasson » à la Chine, tout en s’inquiétant du risque de voir des sociétés locales, y compris celles actives dans les technologies climatiques, se délocaliser vers les États-Unis en raison de coûts de production moins élevés.