Le gouvernement israélien a validé un accord d’exportation de gaz naturel avec l’Égypte d’une valeur annoncée à 112 milliards de new Israeli shekels (shekels israéliens) (NIS), soit environ 30 milliards d’euros. La durée annoncée est de vingt ans, avec des livraisons prévues jusqu’en 2040. Les volumes supplémentaires mentionnés atteignent 130 billion cubic meters (milliards de mètres cubes) (BCM). Les recettes publiques associées sont chiffrées à environ 58 milliards de NIS, via des redevances, l’impôt sur les sociétés et une taxe sur les bénéfices exceptionnels liée au cadre fiscal dit Sheshinski.
Un amendement qui reconfigure les volumes d’exportation
L’accord est présenté comme un amendement à un cadre signé en 2019, avec une hausse des livraisons vers l’Égypte sur la période 2025–2040. Pour soutenir ces volumes, le consortium du champ Leviathan doit augmenter la capacité de production annuelle annoncée, de 12 BCM à 14 BCM par an via un troisième conduit sous-marin, puis jusqu’à 21 BCM par an à l’horizon 2029. Les investissements cités incluent une enveloppe d’expansion estimée à 2,4 milliards de dollars, ainsi qu’un effort plus large chiffré à plus de 16 milliards de NIS. La répartition du consortium est indiquée autour de Chevron, NewMed Energy et Ratio Energies, avec des parts respectives communiquées dans les documents associés à Leviathan.
L’architecture de transport repose aussi sur un projet terrestre de 65 kilomètres, le gazoduc Nitzana, reliant la zone de Ramat Beka au point de passage frontalier de Nitzana. L’ouvrage est associé à Israel Natural Gas Lines (société nationale israélienne des gazoducs) (INGL) et présenté comme un complément aux flux transitant par le système EMG, East Mediterranean Gas (gazoduc East Mediterranean Gas) (EMG), entre Ashkelon et El-Arish. La capacité du tronçon Nitzana est indiquée à 6 BCM par an vers l’Égypte, dans un calendrier mentionné autour de 2028–2029. Les jalons d’investissement sont reliés à une final investment decision (décision finale d’investissement) (FID) attendue pour l’extension de Leviathan et aux contrats de transport associés.
Égypte : arbitrage entre consommation intérieure et exportations de GNL
Le Caire est décrit comme cherchant à stabiliser son approvisionnement après un basculement de l’Égypte d’exportateur net à importateur, dans un contexte de hausse de la demande domestique. La production du champ Zohr, opéré par Eni, est donnée en recul d’environ 40 %, avec des contraintes techniques évoquées. Le différentiel de coût mentionné oppose le gaz importé par pipeline depuis Israël à des achats sur le marché spot de liquefied natural gas (gaz naturel liquéfié) (LNG), autour de 7,75 dollars contre 13,50 dollars par million British thermal units (million d’unités thermiques britanniques) (MMBtu). Le schéma industriel inclut les sites de liquéfaction d’Idku et de Damiette, utilisés pour transformer une partie des molécules acheminées en LNG destiné à l’export, notamment vers l’Europe, tout en recourant à des floating storage and regasification units (unités flottantes de stockage et de regazéification) (FSRU) pour couvrir des pics saisonniers.
La dimension politique de l’accord est présentée comme liée à des échanges sur des paramètres de sécurité et au cadre du traité de paix de 1979, dans un contexte de tensions régionales persistantes. Des tentatives concurrentes sont également évoquées, notamment une offre de contrats de LNG à long terme par le Qatar pendant la période de retard, avant la validation finale du schéma israélo-égyptien. Le rôle des États-Unis est mentionné comme un facteur de pression diplomatique, avec un intérêt déclaré pour la stabilité économique de l’Égypte et la protection d’investissements liés à Chevron dans l’Eastern Mediterranean (Méditerranée orientale). En Israël, le débat interne porte sur l’équilibre entre exportations et disponibilité domestique, avec des mécanismes annoncés de priorité au marché local et de plafonnement des conditions de fourniture. La trajectoire de recettes publiques annoncée — 500 millions de NIS par an sur les premières années puis jusqu’à 6 milliards de NIS par an à partir de 2033 — place la question du rythme d’exécution, des infrastructures et des arbitrages de volumes au centre des décisions opérationnelles des acteurs concernés.