Le groupe Orano, spécialisé dans le cycle du combustible nucléaire, a lancé aux côtés de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et de l’Agence nationale de la recherche un programme de recherche appliquée consacré à l’optimisation de l’extraction de l’uranium. La Chaire Industrielle baptisée SATURNE (Solutions pour l’Amélioration des Techniques d’URanium et la Nouveauté des Exploitations) bénéficie d’un budget de EUR2,3mn ($2,48mn), réparti équitablement entre ses deux financeurs principaux.
Ce programme vise à développer des outils de caractérisation des gisements complexes et à améliorer l’efficacité du procédé dit d’« in-situ recovery », une méthode d’extraction aujourd’hui utilisée pour plus de 50 % de la production mondiale d’uranium. Le projet repose sur une collaboration étroite entre scientifiques et ingénieurs, et mobilisera 12 doctorants et post-doctorants sur une période de quatre ans.
Une coopération entre recherche publique et secteur industriel
Les travaux seront conduits par des équipes mixtes, incluant 14 chercheurs de l’université et ingénieurs du groupe minier. Les laboratoires concernés – le Laboratoire des Fluides Complexes et leurs Réservoirs (LFCR), l’Institut des Sciences Analytiques et de Physico-Chimie pour l’Environnement et les Matériaux (IPREM) et le laboratoire des Sciences pour l’ingénieur appliquées à la mécanique et au génie électrique (SIAME) – mettront à disposition leurs équipements d’analyse chimique avancée, ainsi que leurs compétences en microtomographie et en modélisation des interactions fluides-roches.
Orano, pour sa part, entend tirer parti de ces collaborations pour explorer de nouveaux gisements situés dans des environnements géologiques complexes, notamment dans le bassin de l’Athabasca au Canada et le désert de Gobi en Mongolie. L’objectif est de rendre techniquement et économiquement viable l’exploitation de ressources jusqu’ici peu accessibles.
Des perspectives à l’international pour la filière française
Le lancement de SATURNE s’inscrit dans une stratégie plus large de renforcement de la souveraineté énergétique autour de la filière nucléaire française. En contribuant à la formation de jeunes chercheurs et à la mise au point de nouvelles technologies d’extraction, la Chaire ambitionne de positionner les acteurs français sur des marchés en croissance, à l’heure où les tensions sur l’approvisionnement en uranium se multiplient.
Les premiers résultats des recherches menées en amont de la Chaire ont permis de structurer ce programme autour de cas d’étude concrets et de thématiques appliquées. La technologie ISR (in-situ recovery), cœur du projet, consiste à injecter une solution chimique dans le sol afin de dissoudre l’uranium, qui est ensuite récupéré par pompage, avant d’être traité en surface.
Hervé Toubon, directeur Recherche et Développement et Innovation des activités minières d’Orano, a déclaré que ce programme pourrait « ouvrir la voie à la découverte de nouveaux gisements d’uranium et à des méthodes d’extraction innovantes permettant de rendre viables des gisements difficiles ».