L’ambition italienne de développer l’éolien offshore est sérieusement entravée par l’absence de concrétisation des mécanismes de soutien prévus par le gouvernement, retardant ainsi plusieurs milliards d’euros d’investissements et pesant sur les entreprises du secteur.
Un cadre législatif sans mise en œuvre opérationnelle
Un décret gouvernemental adopté en 2024 prévoyait la mise aux enchères de contrats pour atteindre 3,8 gigawatts (GW) de capacité d’ici 2028, en ciblant particulièrement les technologies innovantes comme les plateformes flottantes, adaptées aux eaux profondes de la Méditerranée. Plus d’un an après, aucune enchère n’a été organisée, malgré le dépôt de 26 projets pour approbation environnementale, représentant une capacité combinée de 18 GW.
Le ministère de l’Environnement a validé quatre de ces projets, mais ceux-ci demeurent bloqués en l’absence des procédures compétitives annoncées. L’Association pour les énergies renouvelables offshore (AERO), qui regroupe les principaux acteurs du secteur, alerte sur l’impact économique de ces retards pour les développeurs ayant déjà engagé plusieurs millions d’euros.
Un secteur privé en attente, un objectif national menacé
Dans une lettre adressée au ministère de l’Énergie et de l’Environnement, le président de l’AERO, Fulvio Mamone Capria, a exhorté les autorités à débloquer la situation, soulignant que l’Italie prend un retard significatif par rapport à ses partenaires européens. Selon les objectifs fixés en juillet 2024, Rome prévoit d’atteindre une capacité éolienne totale de 28,1 GW d’ici 2030, contre 13 GW actuellement.
Sans l’apport de l’éolien en mer, les perspectives de concrétiser ces objectifs s’amenuisent. À ce jour, l’Italie ne dispose que d’un seul parc offshore en activité, d’une capacité de 30 mégawatts, tandis que le Royaume-Uni exploite plus de 15 GW et l’Allemagne environ 9 GW grâce à des appels d’offres réguliers et des mesures de soutien stables.
Un contraste croissant avec le reste de l’Europe
Le potentiel géographique de l’Italie, péninsule méditerranéenne aux ressources foncières limitées, est pourtant souvent mis en avant par les experts du secteur. Toutefois, l’inertie réglementaire freine l’émergence de projets industriels structurants. Le gouvernement dirigé par la Première ministre Giorgia Meloni est régulièrement critiqué pour l’absence de clarté stratégique dans la mise en œuvre de sa politique énergétique.
La stagnation de l’éolien offshore crée une situation d’incertitude prolongée pour les développeurs nationaux et internationaux, certains ayant déjà soumis des projets complexes en attente d’une visibilité économique.