Un désaccord inédit entre les gouvernements a empêché l’adoption du résumé politique du 7e rapport mondial du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), pourtant attendu comme une référence scientifique sur l’état environnemental mondial. C’est la première fois depuis 1997 qu’un tel blocage intervient, selon l’instance onusienne.
Blocage autour des énergies fossiles
Les discussions, menées entre fin octobre et début décembre, ont achoppé notamment sur les mentions relatives à la sortie progressive des énergies fossiles. Plusieurs pays producteurs d’hydrocarbures, dont les États-Unis et l’Arabie saoudite, se sont opposés à ces formulations, jugées inacceptables dans leur forme actuelle. D’autres désaccords ont émergé concernant les subventions environnementalement néfastes ou les questions liées au genre.
Une source diplomatique française a évoqué des discussions “difficiles” sur des passages jugés problématiques par certains pays, notamment sur des sujets touchant à la “triple crise” climatique : le réchauffement global, la perte de biodiversité et la pollution. Le processus habituel de validation ligne par ligne du résumé pour les décideurs, un document condensé de plus de 1 000 pages, n’a donc pas pu aboutir.
Inquiétudes sur la gouvernance multilatérale
Le rejet du texte soulève des interrogations sur la capacité des institutions internationales à dégager un consensus sur des sujets énergétiques structurants. La directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen, a reconnu l’ampleur des “désaccords significatifs” mais a appelé à ne pas considérer cet échec comme un précédent. L’Union européenne et le Royaume-Uni ont, dans une déclaration conjointe, dénoncé des “tentatives de diversion” sans pointer directement les pays concernés.
Ce revers s’ajoute à d’autres blocages récents, notamment l’absence d’accord sur le traité contre la pollution plastique ou les discussions ralenties à l’Organisation maritime internationale (OMI) sur la décarbonation du secteur naval. La dernière conférence internationale sur le climat, clôturée en novembre, n’avait pas non plus permis de s’accorder sur une feuille de route claire concernant la fin des énergies fossiles.
Chiffres clés et projections économiques
Le rapport du PNUE chiffre à 8 000 milliards de dollars annuels les investissements nécessaires pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Il souligne également les bénéfices économiques d’une réorientation énergétique, estimés à 20 000 milliards annuels en 2070, avec un potentiel de croissance jusqu’à 100 000 milliards de dollars par an par la suite.
Ces données sont issues des travaux d’un groupe d’experts présidé par Robert Watson, qui appelle à une “transformation totale du système énergétique mondial”. Il estime toutefois que les difficultés actuelles du multilatéralisme freinent la mise en œuvre de cette transition.