L’opérateur public Perusahaan Listrik Negara (PLN) a obtenu l’assurance de recevoir 103 cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL) en 2026, confirmant un virage structurel dans la stratégie énergétique indonésienne. Ce mouvement, soutenu par l’État, vise à répondre à la croissance annuelle de la demande électrique d’environ 5,3 % tout en réduisant la dépendance au charbon et au diesel.
Une chaîne publique pilotée pour sécuriser l’approvisionnement
PLN agit au sein d’un dispositif institutionnel centralisé où interviennent PLN Energi Primer Indonesia (EPI), Perusahaan Gas Negara (PGN), le régulateur SKK Migas et le ministère de l’Énergie et des Ressources Minérales (EMR). Ce dernier fixe les grandes orientations, tandis que SKK Migas arbitre entre les besoins d’exportation et ceux du marché intérieur. Le rôle de l’État s’étend aussi à la définition des volumes à réaffecter vers les acheteurs nationaux en cas de déficit.
Des infrastructures soutenues par les bailleurs internationaux
Le développement des infrastructures d’importation, comme les terminaux AG&P LNG prévus pour 2026, s’inscrit dans un effort d’investissement public soutenu. Un prêt de $470mn a été récemment accordé à PLN par la Banque asiatique de développement pour appuyer cette transition. L’Indonésie cherche ainsi à bâtir une logistique de distribution régionale du GNL, notamment via un modèle hub-and-spoke sur les îles éloignées.
Réduction des exportations et basculement vers un usage interne
La diminution des volumes de gaz de pipeline domestique pousse l’Indonésie à détourner des cargaisons initialement destinées à l’export. En parallèle, la mise en œuvre d’un programme de remplacement du diesel dans 41 centrales renforce la pression sur les approvisionnements nationaux. Ce redéploiement de volumes implique une planification publique renforcée, afin d’éviter des rationnements électriques.
PLN face à des risques de change et de volatilité
La dépendance croissante au GNL expose PLN à la variabilité des prix mondiaux. Une partie des cargaisons ne faisant pas l’objet de contrats long terme, l’opérateur devra composer avec le marché spot, tout en maintenant des tarifs domestiques politiquement encadrés. L’augmentation des achats en devises étrangères accentue également son exposition au taux USD/IDR.
Renforcement du levier étatique dans la négociation énergétique
Cette stratégie confère à l’Indonésie un levier supplémentaire dans ses relations avec Singapour et les partenaires de la Just Energy Transition Partnership (JETP). La priorité donnée à l’approvisionnement interne devient un argument dans les discussions sur le financement de la transition énergétique et sur la place du GNL dans le mix futur.
Enjeux de gouvernance et transparence des contrats
L’implication financière directe des bailleurs internationaux impose une exigence accrue en matière de transparence. Historiquement, PLN et PGN ont été impliquées dans des controverses liées à la gouvernance, ce qui incite à renforcer les mécanismes de due diligence sur les futurs contrats de fourniture. L’État pourrait être amené à publier les critères d’allocation pour les cargaisons manquantes en 2026.
Perspectives industrielles et rôle pivot du secteur public
La planification publique crée une dynamique favorable aux investissements dans les nouveaux projets gaziers offshore. PLN EPI pourrait jouer un rôle central dans la contractualisation à long terme avec les opérateurs du bassin d’Andaman ou de Mako. Cette structuration par l’amont confirme la place du GNL comme socle de sécurité énergétique, en attendant le déploiement complet des projets renouvelables soutenus par la JETP.