Le ministère du Pétrole de la République d’Irak a lancé un appel à plusieurs grandes entreprises pétrolières américaines afin de reprendre l’exploitation du champ pétrolifère de West Qurna 2, situé dans le sud du pays. Ce gisement, parmi les plus vastes au monde, était jusque-là opéré par la société russe Lukoil, frappée depuis octobre par des sanctions économiques imposées par les États-Unis.
Dans un communiqué publié par les autorités irakiennes, le ministère affirme avoir pris « toutes les mesures nécessaires » pour permettre ce transfert et invite formellement des « groupes pétroliers américains de premier plan » à faire une offre. Selon un responsable cité par les autorités, le processus aboutira à un remplacement pur et simple de Lukoil par le groupe sélectionné.
Un repositionnement stratégique post-sanctions
Lukoil s’était vu confier le développement de West Qurna 2 en 2009, avec une mise en production entamée en 2014. Le champ est considéré comme stratégique pour la capacité exportatrice de l’Irak, qui dépend du pétrole brut pour 90% de ses recettes publiques. La production nationale avoisine actuellement 3,4 millions de barils par jour.
Le communiqué du ministère avance que l’arrivée d’un acteur américain « serait bénéfique pour les intérêts mutuels » des deux pays, contribuerait à la « stabilité du marché mondial » et garantirait le maintien des volumes de production irakiens. Cette initiative intervient dans un contexte où les autorités souhaitent renforcer les partenariats avec les États-Unis dans des secteurs clés de l’économie.
ExxonMobil évoquée comme successeur potentiel
Plusieurs experts cités dans les milieux pétroliers ont évoqué la possibilité qu’ExxonMobil, l’un des plus grands producteurs mondiaux, soumette une offre. Sollicitée à ce sujet, la société n’a formulé aucun commentaire. ExxonMobil a récemment repris ses opérations en Irak après deux années d’absence, signant en octobre un accord préliminaire concernant le champ pétrolifère de Majnoon, dans la province de Bassora.
La réouverture du secteur pétrolier irakien à des opérateurs occidentaux intervient alors que le pays cherche à stabiliser sa production et attirer de nouveaux investissements, notamment en modernisant son infrastructure énergétique.
Le contexte géopolitique redessine les partenariats énergétiques
Lukoil et Rosneft, les deux principaux producteurs russes, ont été visés par des sanctions américaines en réponse au refus de la Fédération de Russie de cesser son offensive en Ukraine. Ce cadre réglementaire a contraint plusieurs pays et opérateurs à réévaluer leurs engagements contractuels avec des groupes russes, y compris dans le domaine pétrolier.
L’Irak, membre fondateur de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), apparaît aujourd’hui comme une plateforme potentielle pour les grandes compagnies énergétiques en quête d’opportunités dans des zones de production mature.