Le gouvernement fédéral du Canada et la province de l’Alberta ont signé un protocole d’entente (memorandum of understanding – MoU) pour développer conjointement une stratégie nucléaire à long terme. L’accord, paraphé par le Premier ministre canadien Mark Carney et la Première ministre de l’Alberta Danielle Smith, prévoit la mise en place d’une feuille de route destinée à construire et exploiter une production nucléaire compétitive capable d’alimenter les marchés locaux et interconnectés d’ici 2050.
Selon le texte du MoU, la province s’engage à collaborer « au plus tard le 1er janvier 2027 » à la définition de cette stratégie. De son côté, le gouvernement fédéral soutiendra la mise en œuvre de politiques adaptées pour favoriser le déploiement de technologies nucléaires, de solutions de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CCUS), ainsi que de systèmes de stockage d’énergie.
Une coopération inédite autour du nucléaire civil
L’Alberta ne dispose actuellement d’aucune capacité de production nucléaire. Toutefois, un projet de centrale comportant deux à quatre réacteurs Candu Monark est à l’étude dans la région de Peace River, au nord de la province, porté par l’entreprise Energy Alberta. Parallèlement, un autre accord de collaboration a été signé entre Energy Alberta et Westinghouse pour examiner la faisabilité du déploiement d’un réacteur AP1000 sur le territoire.
La stratégie nucléaire s’inscrit dans une dynamique plus large de diversification énergétique. Une étude récente menée par X-energy Canada a validé le potentiel de conversion d’un site thermique existant pour accueillir ses petits réacteurs modulaires (small modular reactors – SMR), présentés comme compatibles avec les besoins énergétiques de l’industrie des sables bitumineux.
Déploiement de projets structurants et tensions politiques
Outre le volet nucléaire, le protocole inclut le développement de ce que les autorités décrivent comme le plus grand projet de CCUS au monde, destiné à réduire l’intensité carbone de la production pétrolière de la province. Il acte également le soutien prioritaire à un projet de pipeline cofinancé par des partenaires autochtones et financé par des capitaux privés.
L’Alberta obtiendrait également une exemption des nouvelles réglementations fédérales sur l’électricité propre, en contrepartie d’un nouvel accord sur la tarification du carbone à long terme. Cette disposition a suscité une réaction politique forte : l’ancien ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, a annoncé sa démission de ses fonctions actuelles, citant un désaccord avec les termes de l’accord.
Un cadre pour repositionner le rôle énergétique de l’Alberta
La Première ministre de l’Alberta a salué une entente qui, selon elle, repositionne la province comme un acteur stratégique de l’énergie à l’échelle nationale. L’accord ouvre la voie à de nouvelles collaborations publiques et privées dans les filières énergétiques émergentes, tout en ancrant les intérêts industriels locaux dans une perspective de développement à long terme.