La Ville de Paris a choisi Dalkia, filiale du groupe Électricité de France (EDF), pour assurer la gestion de son réseau de chaleur urbain sur une durée de 25 ans à partir de 2027. Le contrat s’élève à €15bn ($16.3bn), et marque la fin d’un partenariat historique avec Engie, opérateur du réseau via la Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain (CPCU) depuis près d’un siècle.
Le réseau couvre un million de personnes à Paris et dans 16 communes voisines. Il s’étend sur plus de 500 kilomètres et alimente notamment tous les hôpitaux publics parisiens. Il s’agit du plus grand réseau de chaleur en France, l’un des plus importants au monde. Le contrat attribué prévoit une transformation significative du système d’exploitation et un changement dans la structure de gouvernance.
Création d’une nouvelle société de gestion majoritairement publique
À l’issue de la concession actuelle, qui prendra fin le 31 décembre 2026, une nouvelle société d’économie mixte sera mise en place. Elle sera détenue à 49% par des acteurs publics — dont la Ville de Paris et la Caisse des dépôts — et à 51% par Dalkia. Cette structure remplacera la CPCU, aujourd’hui contrôlée à 66,5% par Engie et à 33,5% par la Ville de Paris.
Le nouveau contrat transfère à la collectivité la pleine propriété des 12 centrales de production de chaleur existantes, modifiant ainsi la nature de la gouvernance du réseau. Engie, qui faisait partie des candidats en lice, percevra €3mn ($3.26mn) au titre des frais de candidature engagés.
Investissements prévus et objectifs techniques
Dalkia prévoit d’investir €3.4bn ($3.7bn) sur 25 ans afin de porter la part des énergies renouvelables et de récupération à 76% dans le mix de production, contre 50% actuellement. Les sources incluront notamment l’incinération de déchets, la biomasse, la géothermie et la récupération de chaleur.
Cette évolution permettra de raccorder environ 200 000 logements supplémentaires, facilitant l’abandon progressif des chaudières individuelles alimentées au gaz ou au fioul. Le plan présenté par Dalkia inclut également des engagements tarifaires, avec une baisse des prix attendue pour 69% des usagers dès l’entrée en vigueur de la concession en 2027.
Réactions politiques et critiques sur le calendrier
L’annonce a été critiquée par plusieurs élus de l’opposition municipale, en raison de sa proximité avec les élections municipales prévues dans quatre mois. Certains responsables politiques ont dénoncé une décision précipitée qui, selon eux, aurait dû être prise par la prochaine majorité municipale issue des urnes.
Malgré ces objections, le projet de concession sera soumis au vote du Conseil de Paris à la mi-décembre. La procédure d’attribution avait été engagée il y a cinq ans, à l’issue d’un appel d’offres lancé pour restructurer l’ensemble du modèle d’exploitation du réseau.