Le groupe français TotalEnergies SE et la compagnie américaine Chevron Corporation sont actuellement en négociations pour acquérir une participation de 40 % dans le champ pétrolier Mopane, situé en offshore profond au large de la Namibie. Ce champ, détenu à 80 % par le portugais Galp Energia SGPS SA, a fait l’objet de plusieurs découvertes majeures entre 2023 et 2024. L’opération envisagée intervient dans un contexte de reconfiguration stratégique du secteur pétrolier en Afrique australe, alors que la Namibie émerge comme une zone d’exploration de premier plan.
Positionnement stratégique dans le bassin de l’Orange
Les blocs offshore du bassin de l’Orange attirent un nombre croissant de majors pétrolières. TotalEnergies, déjà opérateur du champ Venus situé dans la même zone, cherche à consolider sa présence par un effet de synergie géographique. Chevron, de son côté, y verrait un retour renforcé sur le continent africain après des décennies de présence concentrée au Nigeria et en Angola. Mopane est stratégiquement situé à proximité des infrastructures existantes ou prévues, facilitant son intégration dans un développement régional plus vaste.
Un cadre réglementaire encore en construction
La Namibie, bien que n’ayant pas encore entamé la production commerciale d’hydrocarbures, dispose d’un environnement réglementaire inspiré du modèle sud-africain, jugé favorable aux investissements étrangers. Des dispositions contractuelles portant sur le contenu local et la participation de l’État sont en cours de renforcement. Toute cession d’actifs est soumise à l’approbation du ministère des Mines et de l’Énergie, mais aucun signal d’opposition n’a été émis à ce jour concernant la vente des parts de Galp.
Recomposition des priorités énergétiques mondiales
Face à l’instabilité de plusieurs bassins pétroliers traditionnels, les grandes compagnies internationales réorientent leurs stratégies vers des zones perçues comme plus stables. La Namibie, politiquement stable et dotée d’un fort potentiel offshore, bénéficie de ce recentrage. Le retrait partiel de sociétés européennes de pays comme le Nigeria accentue cette dynamique. Le champ Mopane pourrait, à terme, produire jusqu’à 500 000 barils par jour, modifiant les équilibres énergétiques de l’Afrique australe.
Impact pour Galp et perspectives de valorisation
Galp Energia cherche à optimiser ses actifs afin de financer d’autres segments de son portefeuille, notamment dans l’électricité renouvelable. La cession envisagée de 40 % de Mopane, tout en permettant un désengagement partiel, pourrait diminuer sa capacité d’influence opérationnelle. La valorisation estimée de cet actif dépasse 2 milliards EUR ($2.17 bn), ce qui renforcerait sensiblement la trésorerie du groupe portugais.
Conséquences géopolitiques et industrielles en Afrique
La montée en puissance de la Namibie comme futur exportateur d’hydrocarbures modifie les rapports de force régionaux. Une prise de position américaine à travers Chevron pourrait réduire la prédominance européenne sur le marché énergétique en Afrique australe. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit que l’Afrique subsaharienne pourrait représenter jusqu’à 10 % de la croissance de l’offre pétrolière mondiale d’ici 2035 si les projets actuellement en développement aboutissent.