Le groupe pétrolier russe Lukoil a demandé aux autorités bulgares de ne pas entraver le processus de vente de ses actifs, après que le gouvernement a placé la raffinerie de Bourgas sous administration spéciale. Cette intervention de l’État intervient alors que Lukoil est désormais officiellement visé par les sanctions économiques des États-Unis, qui lui ont accordé jusqu’au 29 avril 2026 pour se désengager du marché bulgare.
La raffinerie de Bourgas, un actif stratégique
Lukoil détient en Bulgarie l’usine Neftochim, plus grande raffinerie des Balkans, implantée à Bourgas, sur la côte de la mer Noire. L’installation représente la plus importante entreprise du pays, avec un chiffre d’affaires de €4,68bn ($5,04bn) en 2024. Le groupe exploite également un vaste réseau de stations-service, des dépôts pétroliers ainsi que des sociétés spécialisées dans la logistique maritime et aérienne.
En réponse aux sanctions américaines annoncées fin octobre, le gouvernement bulgare a nommé un administrateur externe à la tête de la raffinerie. Sofia espère ainsi éviter les sanctions secondaires, qui pourraient affecter l’accès aux services bancaires, aux transporteurs ou aux assureurs opérant sous juridiction américaine.
Une opération sous surveillance politique
Lukoil a confirmé avoir entamé des démarches pour la vente de l’ensemble de ses actifs en Bulgarie. Dans un communiqué, l’entreprise a précisé qu’elle « prenait toutes les mesures nécessaires » pour mener à bien cette cession, tout en avertissant qu’elle se réservait le droit d’user de recours juridiques en cas d’interférence.
La situation soulève des tensions politiques internes. L’opposition bulgare a exprimé ses craintes quant à un éventuel transfert opaque des actifs vers des acteurs proches du pouvoir. Le gouvernement, de son côté, a nié toute volonté de favoriser des intérêts particuliers, affirmant que l’intervention visait uniquement à préserver l’approvisionnement énergétique du pays.
Risques commerciaux pour les partenaires étrangers
La désignation de Lukoil et de Rosneft comme entités sanctionnées place de nombreux partenaires commerciaux dans une position délicate. Les entreprises en relation avec ces groupes s’exposent à des sanctions secondaires pouvant bloquer leur accès aux marchés internationaux de matières premières. Ce risque a provoqué une réaction rapide de la Bulgarie, soucieuse de maintenir ses importations de carburant à un niveau stable.
Washington avait initialement fixé à un mois le délai de cession des actifs bulgares par Lukoil. La date butoir a finalement été repoussée à avril 2026, laissant aux autorités et au groupe russe une marge de manœuvre supplémentaire pour organiser la sortie du marché bulgare sans rupture d’approvisionnement.