Le gouvernement bulgare a désigné un administrateur public pour prendre le contrôle des actifs locaux du groupe pétrolier russe Lukoil, dans une tentative d’anticiper les sanctions économiques des États-Unis, prévues à partir du 21 novembre. Cette décision vise à maintenir l’exploitation de la raffinerie Neftochim, située à Bourgas, un actif stratégique représentant la plus importante entreprise industrielle du pays.
Un contrôle temporaire sur une infrastructure critique
Le ministre bulgare de l’Économie, Petar Dilov, a annoncé vendredi la nomination de Rumen Spetsov comme administrateur de l’ensemble des opérations de Lukoil sur le territoire. Il a précisé que cette mesure assurera « un contrôle efficace de cette infrastructure critique », en conformité avec les exigences légales du pays. L’administrateur est autorisé à céder des actifs avec l’accord du gouvernement et bénéficie d’une immunité judiciaire dans le cadre de sa mission.
La raffinerie de Bourgas, détenue à 100 % par Lukoil, a généré un chiffre d’affaires de €4,68bn ($5bn) en 2024. Elle reste à ce jour la plus vaste raffinerie des Balkans et la principale source d’approvisionnement en carburants du marché bulgare.
Feu vert temporaire des États-Unis
Quelques heures après l’annonce bulgare, le Département du Trésor américain a prolongé jusqu’au 29 avril 2026 l’autorisation des activités de Lukoil dans le pays. Cette extension, bien que temporaire, permet à Sofia d’éviter une rupture immédiate dans l’approvisionnement énergétique national, tout en s’alignant sur la politique de sanctions occidentale à l’encontre de la Russie.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, la Bulgarie a intensifié sa réorientation énergétique. Toutefois, le pays reste dépendant de certains flux russes, notamment en matière de raffinage et de distribution de carburants, un secteur où Lukoil demeure le principal acteur.
Réactions nationales et tensions diplomatiques
La décision bulgare a suscité des critiques internes. Le président Roumen Radev a mis en garde contre un « risque financier immense » en cas de procédure judiciaire engagée par Lukoil. L’opposition soupçonne également l’exécutif de vouloir transférer les actifs de la raffinerie à un acteur privé proche de la coalition, une allégation que le gouvernement a formellement rejetée.
Du côté russe, la réaction a été immédiate. L’ambassadrice de Russie à Sofia, Eleonora Mitrofanova, a dénoncé une « loi d’expropriation » lors d’un entretien avec l’agence TASS, affirmant que cette décision « crée un dangereux précédent » pour les entreprises étrangères opérant dans des environnements politiques instables.