Le Brésil a officiellement lancé un projet de microréacteur nucléaire d’une valeur de BRL50mn ($9.1mn), destiné à valider la faisabilité technologique d’un réacteur de 3 à 5 MW thermique, compact et autonome. L’initiative est pilotée par la Commission nationale de l’énergie nucléaire (Comissão Nacional de Energia Nuclear, CNEN) et s’inscrit dans un programme de trois ans visant à démontrer les capacités locales à concevoir un système modulaire embarqué dans un conteneur de 40 pieds, capable de fonctionner pendant une décennie sans ravitaillement.
Un consortium élargi et des ambitions industrielles claires
Le projet réunit des entités publiques et privées, dont Núcleo Brasil Energia, Diamante Energia, Terminus, la Marine brésilienne, l’Institut de recherche sur l’énergie et le nucléaire (Instituto de Pesquisas Energéticas e Nucleares, IPEN) ainsi que l’Institut d’ingénierie nucléaire (Instituto de Engenharia Nuclear, IEN). Industrias Nucleares do Brasil (INB) fournira le combustible nucléaire et les services d’ingénierie spécialisés. Une convention a déjà été signée avec le ministère de la Science, de la Technologie et de l’Innovation, ainsi qu’avec l’Agence de financement des études et projets.
Les partenaires ont présenté le concept lors du World Nuclear Exhibition à Paris. Les premières unités pourraient entrer en phase opérationnelle d’ici huit à dix ans. Les travaux incluent la mise au point d’alliages à base d’uranium, de béryllium et de niobium, utilisant des procédés de fabrication additive pour atteindre un haut niveau de précision et de performance.
Technologies étudiées et obstacles réglementaires
L’un des éléments clés reste la définition du fluide de refroidissement des barres de chaleur, avec des options comme le sodium (Na) ou l’alliage eutectique sodium-potassium (NaK) en cours d’analyse, en raison de leur conductivité thermique et de leur large plage de fonctionnement. Deux systèmes de conversion de l’énergie thermique en électricité sont à l’étude : le cycle Brayton fermé, utilisant de l’hélium (He) ou du dioxyde de carbone (CO₂) et une microturbine ; et le cycle Stirling, basé sur un piston activé par un gaz chauffé de manière cyclique.
Parmi les défis identifiés figurent l’adaptation des réglementations initialement conçues pour des installations de grande taille, les coûts liés à l’échelle réduite, la sécurisation du dispositif, ainsi que la validation de la fiabilité du système de refroidissement passif sur le long terme.
Perspectives de déploiement et enjeux énergétiques
Le niveau de maturité technologique du projet est actuellement classé TRL 3 (modélisation mathématique et études préliminaires), avec pour objectif d’atteindre le niveau TRL 6, où une démonstration en environnement représentatif pourra être réalisée. À l’issue du programme de trois ans, les partenaires comptent présenter les premières technologies fonctionnelles et initier les démarches d’autorisation auprès des régulateurs brésiliens.
Le microréacteur est envisagé pour alimenter en électricité des zones isolées, des hôpitaux ou des installations industrielles, en réduisant la dépendance aux générateurs diesel. Ce type de technologie, différencié des petits réacteurs modulaires (jusqu’à 300 MW), se distingue par sa capacité à être transporté et déployé rapidement sur site, notamment dans des régions reculées.