Deux commissions du Parlement européen se sont prononcées mardi contre le projet de Bruxelles. Ce dernier consiste en l’inclusion du gaz et du nucléaire parmi les énergies “vertes” de l’UE. Par conséquent, cela a ouvert la voie à un vote de l’ensemble des eurodéputés susceptible de bloquer ce texte controversé.
Un projet controversé
La Commission européenne avait présenté en décembre un projet de labellisation verte (“taxonomie”) pour les centrales nucléaires et à gaz. Cela vise à faciliter le financement d’installations contribuant à lutter contre le changement climatique.
Ce texte sera considéré définitivement adopté le mois prochain, à moins que le Parlement européen (à la majorité absolue, soit 353 députés) ou les Etats membres (à une majorité qualifiée) n’opposent leur veto d’ici au 11 juillet. Dans ce cas, Bruxelles devra modifier ou retirer sa proposition.
Lors d’une réunion conjointe des commissions parlementaires Affaires économiques et Environnement, 76 eurodéputés ont adopté mardi une objection au projet de la Commission (62 voix contre, 4 abstentions). Ce dernier devra donc faire l’objet d’un vote en session plénière du Parlement début juillet.
Les eurodéputés admettent que le gaz et le nucléaire peuvent contribuer à fournir de l’électricité pendant la transition vers des énergies durables. Néanmoins, ils ont considéré mardi que les normes techniques pour les inclure dans la taxonomie verte “ne respectent pas les critères (européens) d’activités durables sur le plan environnemental”.
Les Verts saluent ce rejet
Les Verts ont applaudi ce revers infligé à “la plus vaste opération de +greenwashing+ du moment”, qui est aussi “une claque” pour la France qui s’est battue pour cette inclusion du nucléaire.
Pour Marta Toporek, de ClientEarth, ce vote “est le clou dans le cercueil de l’inclusion du gaz” dans la finance verte, “un auto-sabotage climatique flagrant” contredisant les règles environnementales de l’UE.
“Il n’y a rien de durable dans les énergies fossiles et déchets nucléaires (…) La plénière doit maintenant suivre les deux commissions et rejeter ce qui serait une erreur climatique énorme et coûteuse, orientant des milliards vers des projets non durables” au détriment des énergies renouvelables, abonde Sébastien Godinot, du WWF.
Du côté du Conseil européen, près d’une dizaine d’Etats (Allemagne, Espagne, Suède, Autriche, Danemark, Luxembourg, Portugal, Malte…) s’opposent à l’inclusion du nucléaire. A l’inverse certains (Pays-Bas…) refusent d’y intégrer le gaz.