PETRONAS a obtenu le premier Offshore Assessment Permit pour un site de captage et stockage du carbone (CCS – Carbon Capture and Storage) au large de Duyong, en Malaisie. Ce permis découle du Carbon Capture, Utilisation and Storage Act 2025 (Act 870), qui encadre la capture, le transport, l’importation et l’injection de CO₂, tout en imposant une redevance d’injection et la création d’un fonds de gestion post-fermeture. L’objectif est de poser les bases d’un modèle économique bancable pour des hubs régionaux de stockage transfrontaliers.
Un cadre réglementaire propice au commerce de CO₂
Le dispositif législatif, administré par la nouvelle autorité MyCCUS, précise que tout CO₂ importé en Malaisie ne peut être utilisé qu’à des fins de stockage permanent. Cette règle exclut toute récupération assistée du pétrole (EOR – Enhanced Oil Recovery), assurant ainsi la traçabilité et la permanence des volumes stockés. Le protocole d’accord entre la Malaisie et Singapour, signé en janvier 2025, ouvre la voie à des opérations transfrontalières conformes au London Protocol, sous réserve d’arrangements bilatéraux détaillant la responsabilité et la fiscalité.
Le champ offshore de Duyong, déjà connecté au réseau gazier national, constitue l’actif d’ancrage du futur Southern CCS Hub. Le partenariat entre PETRONAS, TotalEnergies et Mitsui & Co. réunit l’expertise en ingénierie, logistique maritime et stockage géologique, avec pour objectif de qualifier les capacités d’injection via une étude de conception (FEED – Front-End Engineering Design).
Expansion stratégique au Suriname
En parallèle, PETRONAS a signé deux nouveaux contrats de partage de production (PSC – Production Sharing Contracts) sur les blocs offshore 9 et 10 au Suriname. Le premier est opéré par PETRONAS (30 %), tandis que le second est confié à Chevron (30 %), aux côtés de QatarEnergy et Paradise Oil Company (POC), filiale de la société nationale Staatsolie. Ces blocs peu profonds viennent compléter les actifs existants de PETRONAS dans le bassin Guyana–Suriname, notamment les blocs 52 (gazier) et 66 (eaux profondes).
La phase initiale de trois ans se concentre sur l’acquisition de données sismiques 3D, avec une durée contractuelle de 30 ans. Les conditions fiscales de ces contrats assurent un équilibre entre risque géologique et stabilité financière, tout en offrant une exposition moyenne aux cycles du brut et du gaz.
Positionnement industriel et économique
Le projet CCS malaisien procure à PETRONAS une source de revenus régulés à travers les redevances d’injection et de monitoring, tandis que le fonds post-fermeture limite le risque pour les investisseurs. L’interdiction d’utilisation du CO₂ pour des activités pétrolières assure la conformité contractuelle et le respect des critères de permanence exigés par les acheteurs régionaux de services de décarbonation.
L’initiative surinamienne complète cette stratégie par une exposition pétrolière à faible coût. En privilégiant les zones shallow offshore, PETRONAS réduit ses coûts de forage tout en se positionnant à proximité de découvertes majeures du bloc 58. Le partage des risques avec Chevron, QatarEnergy et POC renforce la résilience financière de ces opérations.
Enjeux régionaux et perspectives opérationnelles
Le hub de Duyong pourrait devenir le centre névralgique du stockage de CO₂ pour les grands émetteurs industriels de Johor et Singapour, incluant les complexes de raffinage et de production électrique. Le développement des infrastructures de transport maritime de CO₂, des pipelines côtiers et des puits d’injection est attendu à la suite de la validation des études techniques.
Sur le plan commercial, la montée en puissance d’un tarif d’injection CCS en Malaisie pourrait établir un benchmark régional, facilitant la signature de contrats take-or-pay pour le stockage transfrontalier. À ce jour, aucune entité impliquée dans ces projets n’est concernée par des sanctions internationales, mais un suivi de conformité OFAC et UE demeure en vigueur.