Le groupe russe TVEL, division combustible de la société d’État Rosatom, a livré un nouveau lot de combustible nucléaire au Vietnam pour le réacteur de recherche de Da Lat, conçu par la Russie et en exploitation depuis 1984. Cette livraison, la première depuis 2010, symbolise la reprise d’une coopération technique et commerciale interrompue depuis quinze ans entre les deux pays. Le réacteur, construit sur le site de l’ancien modèle américain TRIGA Mark-2, est un pilier de la recherche nucléaire vietnamienne.
Utilisé pour la production d’isotopes radioactifs, il approvisionne chaque semaine 23 hôpitaux et contribue à environ 500 000 traitements et diagnostics médicaux par an. En plus de ses usages médicaux, il constitue une plateforme essentielle pour la recherche scientifique et la formation de professionnels dans le domaine nucléaire.
Une feuille de route stratégique jusqu’en 2030
Cette livraison s’inscrit dans le cadre de la feuille de route intergouvernementale signée en mai 2025 par le Vietnam et la Russie, visant à développer conjointement leurs capacités nucléaires d’ici à 2030. L’accord prévoit la construction d’un Centre de science et de technologie nucléaire, la participation du Vietnam au Centre international de recherche basé sur le réacteur MBIR (Réacteur multi-usages de recherche rapide), ainsi que la formation du personnel local dans les métiers du nucléaire.
Le gouvernement vietnamien a parallèlement chargé deux groupes publics de reprendre les projets de centrales nucléaires suspendus depuis 2016. Le projet de Ninh Thuan, approuvé initialement en 2009, est désormais au cœur de cette relance industrielle, avec pour objectif de répondre à la demande énergétique croissante du pays tout en renforçant la coopération technologique avec la Russie.
Un partenariat industriel à long terme
En septembre, Rosatom et Power Engineering Consulting Joint Stock Company 2 ont signé un protocole d’accord pour réactualiser les études techniques du projet Ninh Thuan-1. Cet accord comprend la mise à jour de l’étude de faisabilité, la caractérisation du site et un programme de coopération élargie portant sur le développement des infrastructures et la formation du personnel.
Rosatom propose d’implanter deux réacteurs de type VVER-1200, des unités de troisième génération reconnues pour leur rendement et leur fiabilité. Selon la société russe, la mise en œuvre de ce projet pourrait constituer une base solide pour un partenariat industriel et technologique de long terme entre Moscou et Hanoï, consolidant la place du Vietnam dans le développement nucléaire civil en Asie du Sud-Est.