EDF prévoit de déployer un espace numérique souverain et sécurisé destiné à centraliser les échanges d’informations au sein de la filière nucléaire française, dans le cadre du vaste chantier de relance du nucléaire initié par l’État. L’annonce a été faite à l’occasion du salon du nucléaire civil organisé près de Paris.
Une plateforme pour structurer les flux d’informations
Baptisée Data4NuclearX, cette plateforme numérique est portée par un consortium réunissant six entités, dont EDF, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (Gifen), ainsi que les entreprises numériques Dawex, Sopra Steria et l’Institut Mines-Télécom. Elle vise à faciliter la coopération entre les quelque 2 000 entreprises françaises du secteur, dont 80 % sont des petites et moyennes entreprises.
Dans ce nouveau système, chaque fournisseur ou partenaire disposera d’un accès à des données techniques et opérationnelles fiables tout en conservant la maîtrise de ses informations. Selon EDF, ce dispositif permettra de réduire les délais, améliorer la qualité et optimiser les processus, notamment pour le suivi de fabrication des équipements, considéré comme critique pour tenir les objectifs fixés.
Un volume de données en forte croissance
EDF anticipe une explosion du volume d’échanges numériques, avec un objectif de 25 millions de données échangées annuellement d’ici cinq ans, soit une multiplication par dix par rapport au niveau actuel. Ce besoin s’explique par la complexité accrue des futurs chantiers, notamment la construction programmée d’au moins six réacteurs de type EPR2.
Le déploiement de la plateforme est prévu pour 2028. En attendant, le consortium doit encore choisir l’infrastructure de stockage qui hébergera les données. Ce choix sera déterminant pour garantir la conformité aux normes de cybersécurité françaises et européennes.
Vers une souveraineté numérique renforcée
EDF a annoncé avoir sélectionné deux solutions françaises pour l’hébergement des données les plus sensibles : BLEU, un projet commun entre Capgemini et Orange, ainsi que S3NS, développé par Thales. Ces infrastructures, bien que basées sur des logiciels de Microsoft et Google, sont en cours de labellisation par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), au travers du référentiel SecNumCloud 3.2.
Cette certification garantit que les données stockées ne seront pas soumises à des législations extra-européennes. Elle constitue actuellement le plus haut niveau de sécurité reconnu par l’État français dans le domaine du cloud souverain.