La Chine a enregistré un ajout sans précédent de 264 gigawatts (GW) en éolien et solaire au premier semestre 2025, doublant ainsi les ajouts de la même période en 2024. Cette expansion rapide survient alors que le pays introduit un nouveau mécanisme de tarification pour ses énergies renouvelables, qui va profondément modifier les conditions économiques du secteur. Ce mécanisme, qui a éliminé les enchères pour les projets démarrant avant le 1er juin 2025, met l’accent sur une croissance « de qualité » plutôt que sur la quantité, et pourrait provoquer une pression sur les prix à mesure que les enchères deviennent plus compétitives.
Le mécanisme sans enchères stimule l’investissement initial
Le mécanisme de tarification sans enchères a d’abord attiré les investisseurs grâce à des conditions de contrat avantageuses, notamment des prix garantis proches de ceux du charbon dans plusieurs provinces. Ce système, qui s’applique aux projets lancés avant la date limite du 1er juin 2025, offre des prévisions de revenus plus stables et un horizon de couverture de production sur 18 ans. Wood Mackenzie estime que les projets solaires et éoliens devraient afficher des rendements internes respectifs de 8 % et 11 %, soutenus par la baisse des coûts technologiques et la stabilité des contrats à long terme.
Les premières enchères soulignent la pression sur les prix
Cependant, les premières enchères sous le nouveau cadre compétitif indiquent déjà des tensions sur les prix. Dans la province de Shandong, les résultats des enchères ont montré une chute de 32 % des prix de l’énergie solaire par rapport aux prix de règlement moyens, et une baisse de 9 % pour l’éolien. Cette réduction des prix illustre les défis économiques auxquels les développeurs devront faire face avec la mise en place du nouveau mécanisme, qui introduit une couverture de production plus courte (10 ans contre 18 ans auparavant) et une plus grande volatilité des prix de l’électricité.
Les risques de curtailment menacent la rentabilité
Un autre facteur clé qui pourrait affecter la rentabilité des projets est le curtailment, ou la réduction forcée de la production d’énergie. Selon Wood Mackenzie, les taux moyens de curtailment pour l’éolien dépasseront 5 % dans sept provinces, et pour le solaire, ce sera le cas dans 21 provinces. Cela pourrait entraîner des pertes de revenus importantes et créer une incertitude supplémentaire pour les investisseurs. Les provinces avec des taux de curtailment élevés et une volatilité des prix de l’énergie seront particulièrement exposées à ces risques, ce qui pourrait dissuader certains investisseurs de participer sous le nouveau mécanisme.
Les priorités gouvernementales et l’avenir du secteur
Pour atteindre son objectif de 24 % d’énergie renouvelable non hydraulique dans la consommation d’électricité d’ici 2026, la Chine devra ajouter 741 térawattheures (TWh) supplémentaires de production éolienne et solaire. Cela nécessitera un investissement considérable dans les deux secteurs, avec une capacité éolienne et solaire devant dépasser 750 GW d’ici 2026. L’éolien semble bénéficier d’une situation économique plus favorable, avec des coûts de production plus bas et un risque de curtailment moindre, tandis que le solaire, bien qu’en croissance, pourrait se retrouver plus exposé à des défis économiques, notamment dans les régions où les réseaux sont moins développés.