Le Danemark a lancé à Fredericia l’une des rares usines d’hydrogène bas carbone actuellement en opération en Europe. Développé par Everfuel, l’industriel danois, et le fonds Hy24, le projet HySynergy I a une capacité de production de 20 MW. L’usine produit huit tonnes d’hydrogène par jour grâce à des électrolyseurs alimentés par de l’énergie renouvelable, principalement pour approvisionner la raffinerie voisine Crossbridge Energy et d’autres clients industriels en Allemagne.
Une plateforme conçue pour l’expansion
Le site repose sur huit électrolyseurs alcalins fournis par la société Nel et intègre des équipements de compression Howden ainsi qu’une infrastructure de conversion d’énergie développée par Danfoss. Everfuel détient 51% du projet, tandis que Hy24 en détient 49%. En raison de la demande croissante, Everfuel envisage une expansion du site, avec la possibilité d’atteindre une capacité de 350 MW à terme. La première livraison d’hydrogène à la raffinerie Crossbridge Energy a eu lieu en février 2025, marquant un jalon clé dans la phase initiale du projet.
Les infrastructures du site sont dimensionnées pour un développement progressif, sous réserve de la demande industrielle et des soutiens réglementaires. L’objectif est de franchir plusieurs paliers industriels à moyen terme, avec une montée en capacité progressive.
Une dynamique européenne en construction
Malgré l’ambition de nombreux pays européens, la production d’hydrogène bas carbone à grande échelle reste encore limitée. À côté de Fredericia, plusieurs autres projets de production d’hydrogène bas carbone sont en fonctionnement en Europe, comme Refhyne en Allemagne, Puertollano en Espagne et Harjavalta en Finlande. Bien que ces projets montrent un progrès, ils restent loin des objectifs de déploiement à grande échelle visés, notamment en termes de production en gigawatts.
Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), la capacité de production d’hydrogène bas carbone pourrait quintupler d’ici 2030, mais elle reste inférieure aux prévisions initiales pour cette période. L’AIE met en évidence que, malgré une croissance des investissements dans le secteur, des obstacles subsistent, notamment en termes de coûts de production et de délais de mise en œuvre des projets.
Les enjeux réglementaires : RED III
La directive européenne sur les énergies renouvelables (RED III), adoptée en 2023, prévoit des objectifs ambitieux pour l’hydrogène renouvelable. L’objectif est de garantir une part d’hydrogène renouvelable de 42% dans l’usage industriel d’ici 2030 et 60% d’ici 2035. La mise en œuvre de ces objectifs pourrait accélérer la structuration du marché de l’hydrogène, notamment dans les raffineries, qui cherchent à substituer l’hydrogène gris (produit à partir de fossiles) par de l’hydrogène bas carbone.
Certains groupes industriels ont déjà signé des contrats d’approvisionnement en volumes significatifs d’hydrogène renouvelable à horizon 2030, signalant un changement de paradigme pour les industries de l’énergie et des transports.
Le rôle stratégique de l’éolien danois et des projets Power-to-X
Le Danemark mise également sur le développement de l’éolien offshore pour alimenter ses projets de Power-to-X, une technologie de conversion de l’électricité renouvelable en carburants de synthèse, dont l’hydrogène. Cette approche renforce la compétitivité du pays dans le secteur de l’hydrogène, notamment en raison des infrastructures locales déjà en place pour soutenir ces projets.
L’hydrogène produit à Fredericia sera en partie destiné à l’exportation, en particulier vers l’Allemagne. Un projet de gazoduc transfrontalier entre les deux pays est en préparation pour 2028. Ce projet vise à soutenir les besoins croissants de l’industrie allemande en hydrogène renouvelable, en consolidant une chaîne d’approvisionnement transnationale.