Le groupe pétrolier russe Lukoil a annoncé son intention de céder ses actifs hors de Russie en réaction directe aux dernières sanctions américaines visant l’industrie pétrolière du pays. L’entreprise, deuxième producteur russe derrière le groupe public Rosneft, a déclaré que des discussions avaient été engagées avec des acheteurs potentiels sous licence transitoire délivrée par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) des États-Unis.
Impact immédiat sur les actifs en Europe et au Moyen-Orient
Parmi les actifs concernés, figurent plusieurs infrastructures stratégiques, notamment le champ pétrolier West Qurna 2 en Irak, où Lukoil détient 75 % de participation, avec une production estimée à 480 000 barils par jour en avril. En Europe, l’entreprise contrôle la raffinerie Lukoil Neftohim Burgas en Bulgarie, la plus grande des Balkans avec une capacité de 190 000 barils par jour, et la raffinerie Petrotel en Roumanie.
Lukoil exploite également un réseau de stations-service en Roumanie et dans plusieurs pays voisins, historiquement alimentées par la production de Burgas. Depuis 2024, la pression s’est accentuée sur Sofia pour forcer une vente de la raffinerie après la fin d’une dérogation temporaire accordée par l’Union européenne pour continuer à importer du pétrole russe.
Une stratégie d’adaptation dans un contexte de sanctions croissantes
Lukoil avait déjà dû céder la raffinerie ISAB en Sicile en 2023 à GOI Energy, après que les conditions politiques et économiques imposées par les sanctions européennes l’aient rendue difficile à exploiter. En Europe de l’Ouest, plusieurs stations-service Lukoil ont été revendues ou rebaptisées, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas et dans les États baltes.
La société reste exposée sur d’autres marchés. En Turquie, elle fournit du brut à la raffinerie STAR de la compagnie azerbaïdjanaise SOCAR, fortement dépendante du pétrole russe. Lukoil détient également des participations dans des terminaux pétroliers, des chaînes de distribution de carburant ainsi que des projets en amont et en aval en Asie centrale, en Afrique et en Amérique latine.
Répercussions sur les flux pétroliers vers l’Europe centrale
Les livraisons à la Hongrie et à la Slovaquie, deux des principaux clients européens de Lukoil, pourraient être perturbées. Les deux pays bénéficient actuellement d’exemptions au sein de l’embargo de l’Union européenne, mais ces dérogations pourraient être remises en question dans le cadre du dix-neuvième paquet de sanctions adopté récemment.
En août de l’année précédente, les exportations vers la Hongrie avaient déjà été temporairement suspendues à la suite d’une interdiction ukrainienne sur le transit du pétrole russe par son territoire. La continuité de l’approvisionnement avait été assurée par Rosneft via les mêmes pipelines.