Le gouvernement espagnol a confirmé avoir reçu une demande conjointe des sociétés Endesa, Iberdrola et Naturgy pour prolonger l’exploitation de la centrale nucléaire d’Almaraz. Située dans la région d’Estrémadure, Almaraz est actuellement la plus puissante centrale du pays, assurant à elle seule 7% de la production nationale d’électricité. Sa fermeture est prévue pour 2028, selon un accord conclu en 2019.
La lettre adressée au ministère de la Transition écologique par les trois propriétaires du site mentionne leur « disponibilité » à reconsidérer le calendrier de mise à l’arrêt. Cette démarche survient alors que la stabilité du réseau électrique espagnol a été mise à l’épreuve par une panne majeure survenue le 28 avril, alimentant les préoccupations sur la capacité du pays à garantir l’approvisionnement en électricité à moyen terme.
Un contexte de pression sur l’approvisionnement énergétique
Des voix au sein du secteur énergétique espagnol appellent à une révision de la trajectoire de sortie du nucléaire, fixée à 2035 par le gouvernement de coalition dirigé par le Premier ministre Pedro Sánchez. Le mix énergétique actuel repose encore à 19% sur le nucléaire, selon les données officielles, contre 38% dans les années 1980. Le nombre de centrales en activité est passé de huit à cinq, pour un total de sept réacteurs encore opérationnels.
Le ministère de la Transition écologique a rappelé que toute décision sur une éventuelle prolongation devra garantir la sécurité des citoyens et ne pas générer de coûts additionnels pour les consommateurs. Aucune des trois entreprises concernées n’a commenté publiquement leur démarche, bien que des sources internes à Iberdrola aient confirmé, en début de semaine, qu’une initiative coordonnée était en cours de préparation.
Les opérateurs cherchent à retarder la sortie progressive du nucléaire
Des déclarations récentes issues de Naturgy faisaient déjà état d’une volonté de prolonger la durée de vie d’Almaraz jusqu’en 2030, soit deux années de plus que le calendrier actuel. L’argument mis en avant par les exploitants reste centré sur la sécurité d’approvisionnement du réseau, alors que les énergies renouvelables, bien qu’en progression, ne couvrent pas encore pleinement la demande nationale.
L’Espagne continue d’investir massivement dans les capacités solaires et éoliennes, tout en maintenant officiellement son objectif d’abandon complet du nucléaire à l’horizon 2035. Dans ce contexte, la requête des propriétaires d’Almaraz pourrait relancer les discussions techniques et politiques sur le rythme de cette transition, au regard des réalités de la production électrique et des besoins du pays.