Le président du Mozambique, Daniel Chapo, a entamé une visite officielle aux États-Unis, comprenant une étape au siège d’ExxonMobil. Ce déplacement vise à soutenir la décision d’investissement de la major américaine dans le projet Rovuma LNG, un développement gazier d’envergure prévu dans la province du Cabo Delgado, au nord du pays. La visite inclut également des réunions à Washington et Houston avec des acteurs économiques et politiques, dont le vice-président américain JD Vance.
Pressions autour d’une décision attendue d’ExxonMobil
ExxonMobil n’a pas encore confirmé de décision finale concernant Rovuma LNG. Selon les déclarations du directeur général d’ExxonMobil Mozambique, Arne Gibbs, lors d’un forum à Maputo en septembre, cette décision dépendait notamment de la levée de la force majeure sur le projet voisin Mozambique LNG, opéré par TotalEnergies. Cette condition semble avoir été remplie, selon des informations relayées par la presse locale, mais ni la présidence mozambicaine ni TotalEnergies n’ont confirmé officiellement ce point.
Le projet Mozambique LNG avait été interrompu en 2021 après une attaque jihadiste à Palma, ayant provoqué plus de 800 morts. Sa reprise formelle intervient après plus de quatre ans de suspension, avec des contentieux toujours en cours impliquant des sous-traitants et des familles de victimes.
Des projets gaziers à fort potentiel économique
Le projet Rovuma LNG, porté par ExxonMobil, représente une infrastructure stratégique pour l’avenir énergétique du Mozambique. Si la décision d’investissement est validée, elle viendrait renforcer la position du pays dans le secteur du gaz naturel liquéfié. Le projet opéré par TotalEnergies, actuellement relancé, affiche une capacité de production quatre fois supérieure à celle de l’installation flottante mise en service en 2022 par le groupe italien ENI.
Une réplique de cette unité flottante a été annoncée plus au nord au début du mois. Ensemble, ces projets gaziers pourraient placer le Mozambique parmi les dix premiers producteurs mondiaux de gaz, avec une contribution potentielle de 20 % à la production africaine d’ici 2040, selon un rapport publié en 2024 par le cabinet Deloitte.
Une stabilité fragile dans un contexte encore sous tension
Le climat sécuritaire au Cabo Delgado reste précaire. Bien qu’aucune attaque d’ampleur similaire à celle de 2021 n’ait été recensée récemment, les données publiées début octobre par la direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire de l’Union européenne (Echo) font état de 519 attaques menées depuis le début de l’année par des groupes insurgés affiliés à l’organisation État islamique.
Ce chiffre constitue le niveau d’incidents le plus élevé enregistré depuis le début du conflit en 2017. Malgré ce contexte, le gouvernement mozambicain et les opérateurs internationaux poursuivent leurs efforts pour relancer les projets gaziers suspendus, misant sur leur potentiel à transformer la structure économique du pays.