Le transporteur a attribué au vol une part de 50% d’attributs de Sustainable Aviation Fuel (SAF, carburant d’aviation durable) via une chaîne de traçabilité reconnue, sans exiger un ravitaillement physique équivalent. Le cadre s’appuie sur le Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation (CORSIA, dispositif de compensation et de réduction des émissions pour l’aviation internationale) et sur les principes Book & Claim (réserver et déclarer). L’option technique retenue combine mass balance (allocation comptable au sein d’une même infrastructure) et certificats individuels pour les clients. Le produit mentionné relève d’Hydroprocessed Esters and Fatty Acids (HEFA, esters et acides gras hydrotraités) à partir d’huiles usagées, avec des schémas de certification internationalement reconnus.
Architecture comptable et exigences de contrôle
L’International Air Transport Association (IATA, Association internationale du transport aérien) reconnaît les modèles de chaîne de traçabilité compatibles avec un dispositif de Mesure, Rapportage et Vérification (MRV, measurement reporting and verification) auditable. Le mass balance permet de mélanger des volumes fossiles et durables puis d’allouer des attributs au départ de l’infrastructure, en évitant le double comptage. Le Book & Claim dissocie l’achat d’attributs de l’uplift, utile dans les aéroports sans filière SAF physique. La conformité implique la conservation de preuves d’allocation, la singularité des certificats et une correspondance temporelle entre production, achat et revendication.
La revendication “50% SAF” correspond à une couverture attributaire des besoins énergétiques du vol plutôt qu’à une teneur moléculaire identique dans le réservoir. Cette approche est conçue pour créer un signal de demande vérifiable sans attendre la disponibilité d’un mélange élevé sur site. Les contrats incluent généralement des clauses de traçabilité documentée, d’anti-double comptage et des calendriers de livraison d’attributs. Les clients corporate intègrent ces certificats dans leur Scope 3 Catégorie 6, sous réserve d’alignement avec leurs référentiels d’inventaire.
Économie du SAF et structure de prix
Le coût unitaire du SAF demeure plusieurs fois supérieur au Jet-A, avec une prime principalement liée à l’insuffisance d’offre, au coût des intrants HEFA et à l’amortissement du capital des bioraffineries. Les compagnies répartissent la prime par surcharges dédiées, grilles tarifaires clients et programmes de certificats, tout en limitant l’exposition via des volumes attributaires modulables. La volatilité des prix reflète l’écart entre mandats d’incorporation croissants et cadence de mises en service industrielles. Les infrastructures de stockage, de dosage et de certification sur plateforme influencent l’écart entre coût comptable des attributs et coût opérationnel d’un uplift physique.
Le plan de capacité domestique annoncé vise une réduction de prime par proximité d’intrants et incitations publiques. Les matières premières envisagées incluent huiles de cuisson usagées et graisses animales, avec une concurrence d’accès à l’échelle urbaine et régionale. La bancabilité repose sur des contrats d’enlèvement (offtakes) graduels, des garanties de performance et une certification continue des lots. La montée en puissance conditionnera la part d’uplifts physiques possibles sur les liaisons régionales et internationales.
Concurrence régionale et positionnement de hub
Dans la région, Ethiopian Mineral Corp et Sunbird Bioenergy Africa portent un complexe biocarburants basé sur Alcohol-to-Jet (ATJ, alcool vers carburéacteur) visant des mélanges jusqu’à 10% avec des intrants agricoles dédiés. Cette trajectoire crée une pression concurrentielle sur l’attraction d’offtakes et de capitaux, ainsi que sur la capacité à fournir des attributs exportables. La coopération antérieure avec KLM Royal Dutch Airlines soutient une standardisation technique et documentaire, utile pour agréger la demande corporate internationale. L’African Airlines Association (AFRAA, Association des compagnies aériennes africaines) accompagne la diffusion de pratiques communes sur la conformité et la qualité.
Le positionnement de hub dépendra de trois facteurs : cadence d’obtention des permis et incitations fiscales, sécurisation de l’approvisionnement en intrants et signature d’accords logistiques avec les aéroports clés. Les opérateurs d’avitaillement et de stockage joueront un rôle central pour le passage d’un modèle essentiellement attributaire à un modèle hybride avec uplift significatif. Les transporteurs chercheront à minimiser les frottements opérationnels en harmonisant les procédures de certification entre plateformes.
Indicateurs opérationnels pour la demande et les revenus
Le test à 50% d’attributs constitue un proxy de demande mesurable pour des clients souhaitant des réductions vérifiables. Les programmes Book & Claim permettent de monétiser des attributs indépendamment de l’uplift local, ouvrant une ligne de revenus distincte et récurrente. Les segments corporate à forte intensité de déplacements interrégionaux privilégient des certificats compatibles avec leurs inventaires et leurs rapports extra-financiers. Les variations de prime entre attributs et uplift orientent la tactique d’achat, avec des paniers mixant contrats spot et engagements à terme.
La politique contractuelle la plus observée est celle des offtakes modulaires, indexés sur la montée en capacité et des jalons de performance industrielle. Les clauses usuelles portent sur la qualité du lot, la validité des certificats, l’anti-double comptage et la transférabilité limitée. Les aéroports disposant d’unités de dosage et de stockage dédiées obtiennent des cycles d’approbation plus courts pour les mélanges, ce qui conditionne l’expansion vers des pourcentages physiques plus élevés. La trajectoire de coûts reste sensible aux décisions publiques sur taxes, subventions et garanties.