Les autorités américaines ont confirmé une hausse des droits de douane appliqués aux produits colombiens dans le cadre d’un régime de tarifs dits « réciproques ». Le taux de base de 10 %, instauré par décret présidentiel, reste en vigueur en attendant la publication des ajustements par catégorie de produits. En réponse à cette mesure et à la dégradation du dialogue diplomatique, le gouvernement colombien a rappelé son ambassadeur à Washington. Aucun détail n’a été communiqué à ce stade sur les lignes tarifaires spécifiques qui pourraient viser les secteurs énergétiques ou métallurgiques.
Cadre juridique et application administrative
Le dispositif repose sur l’International Emergency Economic Powers Act (IEEPA, pouvoirs économiques d’urgence), qui autorise la Maison-Blanche à imposer des droits additionnels sur des critères de sécurité nationale ou de politique étrangère. L’Office of the United States Trade Representative (USTR, représentant américain au commerce) et la U.S. Customs and Border Protection (CBP, douanes) assurent la mise en œuvre opérationnelle par le biais du Harmonized Tariff Schedule (HTS, nomenclature tarifaire). Le traité de libre-échange bilatéral entre les deux pays reste juridiquement en vigueur, mais il est temporairement supplanté par les mesures d’urgence. Les acteurs économiques attendent la publication officielle des positions HTS concernées pour évaluer l’ampleur de l’impact commercial.
Les échanges entre les deux pays sont dominés par les produits énergétiques et miniers. Les États-Unis importent régulièrement du pétrole brut colombien, tandis que la Colombie importe des produits raffinés américains. Ces flux croisés rendent les deux marchés sensibles à toute modification tarifaire. Le secteur privé anticipe des délais supplémentaires liés au dédouanement, en attendant des clarifications sur les nouvelles conditions douanières.
Pétrole brut et produits raffinés
Selon les données de l’U.S. Energy Information Administration (EIA, administration américaine de l’énergie), la Colombie figure parmi les fournisseurs régionaux de pétrole brut du marché américain. Les cargaisons sont principalement destinées aux raffineries de la côte du Golfe, qui ajustent leurs approvisionnements selon la disponibilité et la qualité des bruts latino-américains. Les exportations de produits raffinés américains vers la Colombie, notamment de gasoil et d’essence, complètent cette relation bilatérale. Les opérateurs pétroliers surveillent les futures publications tarifaires pour recalculer les coûts d’importation et de livraison.
Les contrats pétroliers prévoient des mécanismes d’adaptation en cas de changement réglementaire. Les sociétés de trading et les raffineurs s’appuient sur ces clauses pour ajuster les prix de livraison à la destination. Le marché reste en attente d’un éventuel relèvement des droits supérieurs à 10 %, qui pourrait modifier les marges et les arbitrages logistiques régionaux.
Charbon et restrictions d’exportation colombiennes
Le gouvernement colombien maintient l’interdiction d’exporter du charbon vers Israël, instaurée par décret en 2024 et renforcée en 2025. Cette décision encadre les activités des compagnies minières et des négociants opérant dans le pays. Les États-Unis ne constituent pas un marché d’exportation majeur pour le charbon colombien, les volumes étant orientés vers l’Europe, la Turquie et l’Asie. Les opérateurs n’ont pas signalé d’effet direct des nouveaux droits américains sur ce segment, mais les flux restent soumis à des aléas réglementaires et logistiques.
Les sociétés minières adaptent leurs contrats d’expédition en fonction de la réglementation nationale et des marchés disponibles. La combinaison de restrictions internes et de mesures douanières internationales renforce la complexité du commerce du charbon colombien. Les ajustements logistiques se poursuivent dans un contexte de forte surveillance administrative.
Nickel et transition d’actifs industriels
South32 Limited a conclu un accord pour céder la mine et l’usine de ferronickel Cerro Matoso à la société CoreX Holding. Cette opération s’inscrit dans la stratégie de recentrage de South32 sur ses activités prioritaires. Cerro Matoso est l’un des principaux producteurs de ferronickel en Amérique latine, utilisé dans la fabrication d’aciers inoxydables et d’alliages industriels. Les exportations sont réparties entre les États-Unis, l’Union européenne et plusieurs marchés asiatiques.
Les États-Unis représentent une part limitée des débouchés de Cerro Matoso. Les ajustements douaniers annoncés pourraient néanmoins affecter les marges à l’exportation si le ferronickel est inclus dans les positions tarifaires visées. Les entreprises impliquées surveillent la publication des codes HTS pour adapter les modalités contractuelles. Les volumes et les plans d’investissement demeurent inchangés dans l’attente des clarifications réglementaires américaines.
Indicateurs macroéconomiques et perspectives administratives
À la suite des annonces américaines, le peso colombien a reculé face au dollar, traduisant les incertitudes du marché sur les flux commerciaux. Les autorités économiques colombiennes n’ont pas précisé de contre-mesures, tandis que les échanges diplomatiques entre les deux capitales restent suspendus. Les services américains compétents n’ont pas encore publié de nouvelle liste de produits concernés. Les entreprises importatrices et exportatrices s’en tiennent aux procédures existantes en attendant les directives officielles.
Les opérateurs financiers et industriels considèrent cette évolution comme une extension du cadre tarifaire global instauré depuis le printemps. Les marchés pétrolier et minier suivront de près la publication des données définitives par l’administration américaine pour ajuster leurs positions contractuelles et leurs stratégies de livraison.