La chambre basse du Parlement russe a voté en faveur du retrait définitif de la Russie de l’accord bilatéral sur la gestion et l’élimination du plutonium de qualité militaire, signé avec les États-Unis en 2000. Cet accord prévoyait la destruction de 34 tonnes de plutonium par chaque pays, soit une quantité équivalente à la fabrication de près de 17 000 armes nucléaires.
L’accord avait été officiellement mis en œuvre en 2011, après une renégociation l’année précédente. Toutefois, la Russie avait suspendu unilatéralement sa participation en 2016, conditionnant tout retour à l’accord à la levée de sanctions économiques et à l’arrêt de l’expansion de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Le retrait voté à la Douma met un terme juridique à cette suspension prolongée.
Une rupture fondée sur des divergences stratégiques
Le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a déclaré devant les députés que le contexte stratégique avait été « fondamentalement modifié », rendant toute reprise de la coopération impossible. Il a notamment mentionné l’adoption de lois américaines soutenant militairement l’Ukraine, l’élargissement de l’OTAN en Europe de l’Est, ainsi que des modifications unilatérales par Washington des modalités techniques de destruction du plutonium.
La Russie accuse les États-Unis d’avoir renoncé au plan initial de conversion du plutonium en combustible MOX (mixed oxide), au profit d’un stockage en solution liquide. Moscou considère que ce procédé laisse la porte ouverte à une éventuelle reconversion militaire, en contradiction avec les engagements du traité.
Dernière étape législative avant promulgation
La dénonciation de l’accord, adoptée en trois lectures successives à la Douma, doit encore être soumise au Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement russe. La loi sera ensuite transmise au président Vladimir Poutine pour signature. Le député Viatcheslav Nikonov a déclaré avant le vote que la Russie pourrait envisager un retour à l’accord « si les États-Unis changent de comportement ».
Selon la Fédération des scientifiques américains, les arsenaux nucléaires combinés de la Russie et des États-Unis comptent encore environ 8 000 ogives, un chiffre considérablement réduit depuis les 73 000 têtes nucléaires estimées au pic de la guerre froide dans les années 1980.