Plus de la moitié du système électrique européen dépend de capacités d’importation insuffisantes, accentuant le risque de pannes à grande échelle. Selon les données publiées, les interconnexions transfrontalières ont joué un rôle central dans la prévention de trois coupures majeures au sein de l’Union européenne ces cinq dernières années, tout en assurant la stabilité des réseaux en Ukraine et en Moldavie lors des agressions russes.
Les limites actuelles des infrastructures
L’étude souligne que des pays comme l’Espagne, l’Irlande et la Finlande figurent parmi les plus exposés en raison de l’insuffisance de leurs infrastructures de connexion transfrontalière. Ces régions présentent peu d’alternatives pour sécuriser leur approvisionnement en électricité en cas d’incident local, rendant leur réseau particulièrement fragile. En Pologne, l’erreur d’un poste électrique en 2021 a pu être rapidement stabilisée grâce aux importations d’urgence via les interconnecteurs.
En avril 2025, la relance du réseau ibérique a également reposé sur le soutien extérieur. En 2022, la France a pu maintenir son approvisionnement lors de tensions sur sa production nationale, et en 2020, la Pologne a évité une perte record de production grâce aux importations. Ces exemples soulignent l’importance des interconnexions dans la gestion des crises et la stabilisation des réseaux.
Menaces croissantes sur les infrastructures critiques
Les interconnexions sont devenues des cibles stratégiques. Depuis 2022, neuf actes de sabotage ont visé des infrastructures énergétiques et de communication dans la mer Baltique. Cette zone, essentielle pour l’équilibre énergétique régional, est au cœur de la coopération entre pays du Nord et de l’Est de l’Europe. En septembre 2025, plusieurs incidents supplémentaires ont frappé des infrastructures, dont une explosion sur un convoi de gaz près de Vilnius et une coupure électrique causée par un incendie criminel à Berlin.
Le piratage d’une centrale hydroélectrique norvégienne par des groupes liés à la Russie en avril 2025 illustre aussi la diversité des menaces. Le rapport insiste sur la nécessité d’élargir et de sécuriser les interconnexions, en les intégrant à une stratégie de protection élargie, au-delà du seul secteur énergétique.
La mer Baltique, un nœud énergétique stratégique
Les pays riverains de la mer Baltique représentent déjà plus d’un tiers de la production électrique totale de l’Union européenne. Leur poids devrait croître avec les investissements en cours dans les technologies bas carbone. Le rôle central de cette région en fait un élément vital du système énergétique européen, mais aussi une zone à haut risque en matière de sécurité des infrastructures.
La protection des câbles sous-marins et des lignes électriques devient aussi stratégique que celle des ports ou des routes commerciales. Leur intégration dans les dispositifs de défense collective de l’Union européenne ou de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) est désormais évoquée dans les milieux spécialisés.