La Commission européenne prévoit de soumettre à des droits de douane accrus les importations de pétrole russe effectuées par la Hongrie et la Slovaquie, deux pays de l’Union européenne (UE) encore exemptés de l’embargo instauré en 2022. Cette proposition, en cours d’élaboration, interviendrait dans un contexte de pressions internationales renouvelées, notamment par les États-Unis, pour restreindre davantage les flux énergétiques en provenance de Russie.
L’UE avait initialement interdit l’importation de pétrole russe acheminé par voie maritime en réponse à l’invasion de l’Ukraine, mais avait laissé une marge de manœuvre à la Hongrie et à la Slovaquie, deux pays enclavés dépendants des pipelines russes. Cette dérogation reste juridiquement contraignante, car toute modification nécessiterait leur accord. Le recours à un mécanisme de droits de douane permettrait à Bruxelles de réduire l’attractivité économique de ces achats tout en évitant un veto.
Un levier commercial pour contourner les blocages politiques
Le projet de la Commission européenne permettrait d’imposer cette mesure à la majorité qualifiée des 27 États membres, sans consensus unanime. Concrètement, il suffirait que 15 pays représentant 65% de la population de l’UE soutiennent la proposition. Ce seuil pourrait être atteint plus facilement qu’une révision du régime d’exemption.
Les importations de pétrole russe par l’UE ont chuté à 1,75 milliard d’euros ($1,85bn) au deuxième trimestre 2025, contre près de 29 milliards d’euros ($30,7bn) à la même période en 2021. Néanmoins, les volumes restants concernent essentiellement la Hongrie et la Slovaquie. Le maintien de ces flux continue d’alimenter les critiques à l’international, en particulier depuis l’intervention du président américain Donald Trump devant les Nations unies.
Des implications politiques et économiques à surveiller
Lors de son discours, Donald Trump a dénoncé ces achats comme étant une forme de soutien indirect à l’effort de guerre russe, conditionnant l’intensification des sanctions américaines à un arrêt complet des importations européennes d’hydrocarbures russes. Ce positionnement ravive les tensions transatlantiques sur la coordination des réponses énergétiques face à Moscou.
L’Union européenne s’est fixée comme objectif de cesser toutes ses importations d’hydrocarbures russes d’ici 2027, avec une échéance avancée à 2026 pour le gaz naturel liquéfié (GNL). La mise en place de droits de douane serait une étape intermédiaire destinée à accélérer cette réduction tout en respectant les contraintes logistiques des États encore dépendants.