Le secteur pétrolier mondial détient un potentiel inexploité équivalent à plus de 1 000 milliards de barils dans des gisements déjà en production, selon une analyse récente basée sur l’intelligence artificielle. Cette capacité permettrait de couvrir la demande mondiale de pétrole jusqu’en 2050 sans nécessiter de nouvelles découvertes majeures.
L’étude repose sur l’outil propriétaire Synoptic utilisé pour la première fois dans le cadre de l’analyse de 30 000 champs pétroliers à travers le monde. Cette technologie s’appuie sur des algorithmes de machine learning pour comparer les caractéristiques de plus de 60 paramètres géologiques, économiques et opérationnels, dans le but d’identifier les meilleures analogies entre champs pétroliers.
Des méthodes existantes pour une récupération accrue
Selon l’évaluation, une simple amélioration des méthodes de récupération existantes permettrait d’extraire entre 470 milliards et plus de 1 000 milliards de barils supplémentaires. Ces chiffres ne reposent pas sur des technologies expérimentales, mais uniquement sur l’application rigoureuse de pratiques déjà éprouvées dans l’industrie.
Les champs à fort potentiel se trouvent majoritairement à terre ou en mer peu profonde, représentant respectivement 63 % et 31 % du potentiel d’optimisation. Les gisements en eaux profondes, généralement opérés par des entreprises disposant déjà de moyens technologiques importants, ne comptent que pour moins de 6 % du potentiel restant.
Les entreprises publiques au cœur du potentiel mondial
Près de 70 % du potentiel de récupération additionnelle est contrôlé par des compagnies pétrolières nationales (NOCs), selon les projections. L’analyse identifie l’Iran, le Venezuela, l’Irak et la Russie comme les pays affichant les plus fortes réserves potentielles si des facteurs de récupération de premier quartile étaient atteints.
En revanche, les grandes compagnies pétrolières internationales n’ont accès qu’à 6 % de ce potentiel, leurs performances étant déjà proches des meilleures pratiques actuelles. Cette asymétrie souligne une limite structurelle dans les portefeuilles des acteurs internationaux, largement constitués de gisements matures et bien optimisés.
Développement sous contrainte et alliances stratégiques
Les données montrent que les compagnies nationales atteignent actuellement des taux de récupération inférieurs à la moyenne sectorielle de 29 %, alors même que leurs champs présentent un potentiel géologique supérieur. Pour combler cet écart, l’étude insiste sur la nécessité d’un accès élargi à la technologie, au financement et à des conditions commerciales attractives.
La convergence entre le besoin de capital et d’expertise des opérateurs publics et la recherche de croissance des groupes internationaux ouvre la voie à de nouvelles alliances techniques et financières. Dans un contexte de ressources limitées et de priorités budgétaires, ces partenariats deviennent déterminants pour convertir les réserves théoriques en barils commercialisables.
L’analyse par IA redéfinit les perspectives de l’exploration
Historiquement, la croissance de la production pétrolière a été assurée par des révisions à la hausse de champs existants, plutôt que par des découvertes majeures. Depuis les années 1980, l’écart entre la découverte et la consommation n’a cessé de s’accentuer.
Le recours à l’intelligence artificielle modifie les méthodes traditionnelles d’analyse, jusque-là fondées sur des analogies filtrées de manière manuelle. Le système de notation basé sur la similarité permet désormais une évaluation plus rigoureuse des gisements comparables, rendant possible une estimation plus fiable des volumes exploitables.