Le gouvernement britannique a annoncé de nouvelles sanctions économiques visant les exportations d’hydrocarbures de la Russie, avec l’inscription de 70 pétroliers supplémentaires opérant en marge du système maritime mondial. Cette mesure, dévoilée dans un communiqué officiel, fait partie d’un ensemble de 100 nouvelles cibles comprenant également des producteurs de produits chimiques et des fabricants de drones militaires.
Un coup porté à la flotte parallèle russe
Ces navires, qualifiés de « shadow tankers » pour leur utilisation de pavillons de complaisance, de transbordements opaques et de navigation sans AIS (Automatic Identification System), ont permis à Moscou de maintenir ses flux pétroliers en contournant les sanctions occidentales. Depuis le début de l’année, les 70 navires récemment sanctionnés ont transporté environ 79,4 millions de barils de pétrole brut et de produits raffinés depuis des ports russes, ainsi que des volumes moindres en provenance d’Iran et du Venezuela.
Selon les données compilées par S &P Global Commodities at Sea et Maritime Risk Intelligence Suite, la flotte parallèle mondiale compte désormais 978 navires de plus de 27 000 tonnes de port en lourd, soit près de 20 % de la flotte pétrolière internationale. Londres affirme désormais sanctionner davantage de navires que tout autre pays, surpassant les efforts combinés des États-Unis et de l’Union européenne.
Pression renforcée sur le prix plafond
Depuis décembre 2022, les pays du G7 et leurs partenaires ont interdit le transport de pétrole russe vendu à un prix supérieur à $60 le baril. Le Royaume-Uni a récemment ajusté ce seuil à $47,60 le baril dans le cadre d’un mécanisme dynamique de suivi des prix. Cette évolution vise à renforcer l’application du plafonnement, alors que de nombreux opérateurs sanctionnés contournent encore les restrictions via des sociétés écrans ou des ports secondaires.
En juillet, le Royaume-Uni avait déjà inscrit 135 navires supplémentaires et une maison de négoce liée à Lukoil, basée aux Émirats arabes unis. L’objectif affiché reste de limiter les revenus énergétiques de Moscou, qui devraient représenter environ un tiers de son budget national en 2024.
Sanctions élargies à d’autres secteurs stratégiques
Outre le secteur pétrolier, les nouvelles mesures visent également 30 entités et individus impliqués dans la production de drones, d’équipements électroniques et de produits chimiques utilisés par l’armée russe. Ces désignations interviennent dans un contexte de recrudescence des frappes russes, avec plus de 800 missiles et drones lancés vers l’Ukraine au cours des deux dernières semaines, selon les données gouvernementales.
Le renforcement des sanctions survient également après un incident sécuritaire impliquant l’incursion de drones russes dans l’espace aérien polonais, membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Cette opération a été présentée par les autorités britanniques comme une escalade nécessitant une réponse économique ciblée.
Une convergence croissante entre Moscou, Téhéran et Caracas
Les sanctions occidentales ont favorisé une coopération accrue entre la Russie, l’Iran et le Venezuela, les trois pays partageant désormais un nombre croissant de navires pour acheminer leur production pétrolière. Cette stratégie vise à contourner les restrictions financières et logistiques imposées par les marchés occidentaux, en s’appuyant sur une flotte grise échappant aux régulations maritimes internationales.
Les législateurs européens ont également signalé leur intention d’intensifier les sanctions dans le cadre d’un 19ᵉ paquet de mesures, avec une attention particulière portée sur la flotte parallèle. Des mesures supplémentaires contre les pays tiers facilitateurs et un calendrier de sortie accéléré des hydrocarbures russes sont à l’étude à Bruxelles.