L’avenir de l’hydroélectricité en Italie dépend étroitement de la clarté réglementaire concernant les concessions. Un rapport publié à l’occasion du forum stratégique de TEHA révèle que 86% des concessions hydroélectriques existantes sont expirées ou sur le point de l’être. Cette incertitude compromet jusqu’à six années d’investissements potentiels dans un secteur qui couvre 15% de la consommation électrique nationale.
Un pilier industriel et énergétique
L’énergie hydraulique représente aujourd’hui 46% de la production renouvelable du pays, avec 53 TWh générés en 2024 et une puissance installée de 22,9 GW. Ce positionnement place l’Italie au troisième rang européen, derrière la Norvège et la France. Le secteur active également une chaîne industrielle estimée à €37bn de production et €19bn d’exportations, regroupant environ 150 technologies, dont 70% sont dominées par des producteurs italiens en Europe.
Un contexte réglementaire fragmenté
L’absence d’un cadre réglementaire européen harmonisé, combinée à une asymétrie dans la durée des concessions entre États membres, freine l’élan d’investissements. Alors que la France peut accorder des concessions pour une durée de 75 ans et que la Norvège ne fixe aucune limite, l’Italie est confrontée à des contraintes plus strictes. Bien que la Commission européenne ait engagé une procédure d’infraction en 2019, celle-ci a été classée sans suite, sans harmonisation du marché.
Une quatrième voie pour accélérer les investissements
Le rapport propose une solution alternative baptisée « quatrième voie », consistant à réattribuer les concessions existantes contre un plan d’investissement structuré. Cette option permettrait d’avancer les investissements de six ans par rapport aux modèles actuels, générant jusqu’à €16bn d’investissements supplémentaires, €18.5bn de PIB et 20 800 emplois.
Les partenariats public-privé en ligne de mire
Parmi les options déjà autorisées par la loi italienne, le partenariat public-privé via le modèle de financement de projet se distingue par sa capacité à accélérer les procédures. Ce format permet à un opérateur privé de soumettre un plan industriel structuré, simplifiant le travail administratif de l’État et accélérant le processus décisionnel.
Des bénéfices économiques et systémiques
Selon les projections du rapport, la « quatrième voie » pourrait augmenter de 5 à 10% la production hydroélectrique nationale, réduire les émissions de CO₂ de 4,5 mn de tonnes et renforcer la part des énergies renouvelables de 2 points dans le mix électrique. Elle offrirait également des économies de €1.1bn à la collectivité.
« La filière hydroélectrique requiert une stabilité réglementaire pour sécuriser les investissements à long terme, particulièrement face à la volatilité de la production liée aux sécheresses », a déclaré Salvatore Bernabei, Directeur d’Enel Green Power et Thermal Generation chez Enel.