Les entreprises de services publics américaines prévoient une expansion significative de leur capacité à forte charge, avec 116 gigawatts (GW) déjà engagés ou en construction, soit 15,5 % de la demande de pointe actuelle du pays. En intégrant les projets en discussions avancées ou inclus dans les prévisions à court terme, le total potentiel atteint 147 GW, représentant 20 % de la demande maximale estimée.
Près de 60 GW de cette capacité devraient entrer en service d’ici 2030, selon les prévisions des services publics. D’ici 2035, environ 93 GW pourraient être opérationnels. Au-delà de cette échéance, peu d’annonces officielles ont été faites, ce qui laisse entrevoir un ralentissement ou un manque de visibilité sur le long terme.
Déplacement vers les marchés déréglementés
Alors que la quasi-totalité des 17 GW actuellement en construction se situe dans des marchés régulés, les projets non encore lancés s’orientent de plus en plus vers les marchés déréglementés. Environ 46 % des capacités engagées mais non construites et 35 % des projets en phase de discussion avancée sont prévus dans ces marchés, avec une concentration notable dans les régions d’Electric Reliability Council of Texas (ERCOT) et PJM Interconnection.
Cette réorientation soulève des préoccupations quant à la stabilité de l’offre et à l’impact tarifaire potentiel sur les autres consommateurs. Plusieurs autorités de régulation locales, dont celles du Texas et de la zone PJM, ont déjà pris des mesures pour anticiper les risques liés à cette évolution du marché.
Visibilité réduite sur les projets à long terme
La part des projets dits à « forte confiance » a reculé malgré quelques hausses ponctuelles, en raison d’un flux constant de nouvelles demandes surpassant le rythme d’avancement ou de retrait des projets en cours. Ce déséquilibre renforce l’incertitude sur la concrétisation réelle des engagements pris.
La montée en puissance des centres de données ajoute une pression supplémentaire sur le réseau. Pour les projets de plus de 300 mégawatts (MW), le délai moyen pour atteindre la capacité contractuelle dépasse souvent quatre ans, selon les données disponibles. Cette temporalité complique davantage la planification des infrastructures nécessaires.
Connectivité et délais de mise en charge
La vitesse à laquelle les centres de données sont connectés au réseau n’assure pas à elle seule la disponibilité immédiate de la charge. Le moment effectif où la consommation atteint son pic dépend largement des stratégies internes des développeurs, dont les délais de déploiement peuvent varier considérablement d’un projet à l’autre.
Cette incertitude sur le calendrier de mise en charge soulève des défis structurels pour les opérateurs de réseau, notamment dans les marchés déréglementés, qui devront probablement adapter leurs mécanismes de planification pour absorber cette nouvelle demande à forte intensité.