Le groupe industriel japonais Mitsubishi Corporation a annoncé se retirer de trois projets d’éolien offshore développés au large des côtes nippones, invoquant une hausse imprévue des coûts de construction et d’exploitation. Ces projets avaient été attribués en 2021 dans le cadre d’un appel d’offres gouvernemental visant à stimuler la production d’électricité d’origine renouvelable au Japon.
Une rentabilité compromise par la conjoncture internationale
Selon Mitsubishi, les effets conjugués de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine ont provoqué des perturbations majeures dans les chaînes d’approvisionnement et ont entraîné une flambée des prix des matériaux et de la logistique. « Le coût de l’initiative a augmenté bien plus que prévu », a déclaré le directeur général de Mitsubishi Corporation, Katsuya Nakanishi, lors d’une conférence de presse tenue le 27 août. Il a ajouté que le groupe ne pouvait plus établir un plan économiquement viable pour ces infrastructures énergétiques.
Mitsubishi pilotait un consortium désigné pour développer trois sites éoliens offshore, dans le cadre de la stratégie nationale visant la neutralité carbone d’ici à 2050. La société a toutefois souligné que sa décision ne signifiait pas l’abandon pur et simple des projets, dont l’avenir reste désormais incertain.
Un coup d’arrêt à un pilier de la stratégie énergétique japonaise
L’éolien offshore occupe une place centrale dans le plan énergétique national adopté au début de l’année, qui prévoit une part de 4 à 8% de cette technologie dans le mix électrique du pays d’ici 2040, contre environ 1% aujourd’hui. Le ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie continue de considérer cette filière comme un levier clé pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles importés.
« Notre position reste inchangée », a affirmé Katsuya Nakanishi, rappelant l’importance de cette source d’énergie pour un pays à faibles ressources naturelles. Le gouvernement prévoit également des projets à grande échelle censés stimuler l’emploi et réduire les coûts grâce aux effets d’échelle.
Une transition énergétique toujours dominée par le thermique
En 2023, environ 70% de la production électrique japonaise provenait encore de centrales thermiques alimentées par du charbon ou des hydrocarbures. L’objectif national est de réduire cette part à 30 à 40% d’ici 2040, ce qui suppose une accélération marquée du déploiement des énergies renouvelables.
Selon Umer Sadiq, analyste chez BloombergNEF, le retrait de Mitsubishi complique davantage l’atteinte des objectifs de production renouvelable à l’horizon 2030. Le Japon faisait déjà face à des retards dans ses déploiements d’infrastructures vertes, et cette décision accroît la pression sur les autres développeurs et les autorités de régulation.