La Fédération de Russie semble assouplir sa position sur les investissements étrangers dans le secteur pétrolier, notamment à travers un décret signé par le président Vladimir Poutine, autorisant potentiellement des sociétés étrangères à retrouver leur place dans le projet pétrolier et gazier Sakhaline-1. Parmi les bénéficiaires potentiels figure Exxon Mobil Corporation, qui détenait une part de 30 % dans le consortium avant son retrait en 2022, consécutif à l’invasion de l’Ukraine.
Le décret signé le 15 août 2025 s’inscrit dans la continuité d’un précédent texte publié en octobre 2022, qui avait transféré le contrôle opérationnel du projet à la filiale de Rosneft, Sakhalinmorneftegaz-shelf. Ce changement avait marqué la sortie complète d’Exxon Mobil du projet, avec une charge comptable de 4,6 milliards de dollars pour désengagement. Les nouveaux termes prévoient un retour possible des actionnaires étrangers à condition de remplir trois critères : contribuer à la levée des sanctions, assurer l’approvisionnement en équipements critiques importés et transférer des fonds sur les comptes du projet.
Conditions imposées aux investisseurs étrangers
Selon les informations relayées par Reuters, le retour d’Exxon ou d’autres acteurs occidentaux est conditionné par un assouplissement des régimes de sanctions imposés par les États-Unis et l’Union européenne. Aucun mécanisme automatique n’est prévu dans le décret, rendant le processus entièrement dépendant des négociations diplomatiques et des accords commerciaux sous-jacents. Les partenaires actuels du projet incluent Rosneft pour la Russie, ONGC Videsh Limited pour l’Inde, et Sakhalin Oil and Gas Development Co. Ltd. (SODECO) pour le Japon, qui conservent leurs participations respectives.
En parallèle, les autorités russes insistent sur la nécessité de relancer les flux logistiques en matériel spécialisé, dont l’accès est restreint par les restrictions commerciales occidentales. Les entreprises intéressées par un retour devront signer des contrats d’approvisionnement garantissant la livraison de ces équipements, indispensables au maintien des capacités de production.
Contexte géopolitique et incertitudes économiques
Le décret a été signé le même jour que la rencontre bilatérale entre Vladimir Poutine et Donald Trump, organisée en Alaska. Si l’agenda officiel portait sur la guerre en Ukraine, plusieurs sources évoquent également des discussions autour d’une coopération économique renforcée. Des membres de l’équipe de Trump auraient, selon Reuters, envisagé la levée rapide de certaines sanctions en cas de progrès tangibles sur le front ukrainien.
À ce stade, la levée des sanctions reste hypothétique. Les cadres réglementaires en vigueur aux États-Unis et en Europe interdisent tout investissement dans les infrastructures énergétiques russes sans autorisation expresse. Toutefois, le projet Sakhaline-1 n’a jamais été explicitement ciblé par les sanctions sectorielles occidentales, ce qui laisse une marge d’interprétation juridique.
Depuis le début du conflit en 2022, le prix du baril de pétrole russe a fortement chuté, passant de 100 dollars à 55 dollars. Cette dépréciation a réduit de manière significative les recettes budgétaires russes, compromettant la viabilité du Fonds national de richesse, dont l’épuisement total est redouté avant la fin de l’année 2025. Dans ce contexte, la volonté affichée de Vladimir Poutine de réintégrer des capitaux étrangers s’inscrit dans une tentative plus large de stabilisation macroéconomique.