Le Qatar menace de couper le gaz à l’Europe face aux exigences climatiques

Le Qatar rejette les obligations de transition climatique de l'UE et brandit la menace d'une réorientation de ses exportations de GNL vers l'Asie, créant un dilemme énergétique majeur.

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Le Qatar a adressé des lettres officielles à la Commission européenne et au gouvernement belge, menaçant de cesser ses livraisons de gaz naturel liquéfié vers l’Europe si la directive sur le devoir de vigilance en matière de durabilité des entreprises (CSDDD) n’est pas modifiée. Cette escalade diplomatique intervient alors que l’Union européenne cherche toujours à diversifier ses approvisionnements énergétiques suite à la réduction drastique des importations de gaz russe.

La directive CSDDD, adoptée en 2024, impose aux entreprises réalisant plus de 519 millions de dollars de chiffre d’affaires annuel dans l’UE de respecter des critères stricts en matière de durabilité et de comportement d’entreprise. Les pénalités pour non-conformité peuvent atteindre jusqu’à 5% du chiffre d’affaires mondial total de l’entreprise. Plus controversé encore pour le Qatar, la directive exige que les entreprises adoptent un plan de transition climatique aligné sur l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C conformément à l’Accord de Paris.

Position inflexible sur la neutralité carbone

Le ministre qatari de l’Énergie, Saad al-Kaabi, également PDG de QatarEnergy, a été catégorique dans sa communication : « Ni l’État du Qatar ni QatarEnergy n’ont de plans pour atteindre le net zéro dans un futur proche. » Cette déclaration tranche avec les ambitions climatiques européennes et souligne le fossé grandissant entre les objectifs de décarbonation de l’UE et les intérêts des pays exportateurs d’hydrocarbures.

Le Qatar, qui détient les plus hautes émissions de CO2 par habitant au monde avec 42,6 tonnes métriques par personne en 2023, considère que la CSDDD porte atteinte au droit souverain des pays de définir leurs propres contributions nationales aux objectifs de l’Accord de Paris. Dans une annexe à sa lettre, Doha propose explicitement de supprimer la section de la directive concernant les plans de transition climatique, jugeant ces exigences incompatibles avec sa stratégie énergétique nationale.

Enjeux critiques pour la sécurité énergétique européenne

Les menaces qataries arrivent à un moment particulièrement sensible pour l’Europe. En 2024, le Qatar représentait environ 10% des importations mensuelles de GNL de l’UE, se positionnant comme le troisième fournisseur après les États-Unis (46%) et la Russie (16%). Avec la fermeture programmée du corridor ukrainien fin 2024 et l’objectif européen d’éliminer complètement les importations de gaz russe d’ici 2027, la perte potentielle des approvisionnements qataris créerait un déficit significatif difficile à combler rapidement.

Les alternatives européennes restent limitées. L’Algérie, qui dispose de trois gazoducs vers l’UE dont deux fonctionnent en sous-capacité, pourrait augmenter ses exportations mais fait face à ses propres contraintes de production. Le projet de gazoduc transsaharien (TSGP) reliant le Nigeria à l’Algérie, initialement budgété à 10 milliards de dollars, voit désormais son coût estimé entre 20 et 30 milliards de dollars et reste bloqué par des défis sécuritaires et financiers majeurs.

Réorientation stratégique vers les marchés asiatiques

Le Qatar a déjà commencé à réorienter ses exportations vers l’Asie, où 25% de son GNL est désormais destiné à la Chine, suivie par l’Inde (17%) et le Pakistan (11%). Ce pivot reflète non seulement des avantages logistiques et des coûts de transport réduits, mais également un environnement réglementaire moins contraignant. Les acheteurs asiatiques, traditionnellement liés par des contrats à long terme avec le Qatar, cherchent désormais des conditions plus flexibles et des prix plus compétitifs, créant une dynamique de marché favorable aux producteurs.

Paradoxalement, alors que le Qatar rejette les objectifs de neutralité carbone européens, le pays investit dans sa propre transition énergétique. La centrale solaire d’Al Kharsaah de 800 MWp, inaugurée en 2022, et l’objectif d’atteindre 30% d’énergie solaire dans le mix national d’ici 2030 témoignent d’une stratégie de diversification domestique. QatarEnergy construit également la plus grande usine d’ammoniac « bleu » au monde, d’une capacité de 1,2 million de tonnes annuelles d’ici 2026, représentant un investissement d’un milliard de dollars, positionnant le pays sur le marché émergent des carburants à faible teneur en carbone.

Calendrier serré pour la conformité européenne

La mise en œuvre de la CSDDD suit un calendrier échelonné qui débutera en 2027 pour les plus grandes entreprises européennes. Les sociétés de l’UE comptant plus de 5 000 employés et 1,74 milliard de dollars de revenus mondiaux devront se conformer dès 2027, suivies par celles de plus de 3 000 employés et 1,04 milliard de dollars de revenus en 2028, puis celles dépassant 1 000 employés et 519 millions de dollars en 2029. Les entreprises non-européennes réalisant plus de 519 millions de dollars de revenus dans l’UE seront également soumises à ces obligations.

Face aux pressions du Qatar et d’autres partenaires commerciaux, la Commission européenne a proposé en février 2025 des modifications visant à simplifier certaines exigences de la directive. Ces changements incluent le report de sa mise en application et la réduction des contrôles sur les chaînes d’approvisionnement. Néanmoins, ces ajustements n’ont pas satisfait le Qatar, qui maintient sa position selon laquelle les exigences fondamentales de transition climatique restent inacceptables.

L’accord commercial récent entre les États-Unis et l’UE, prévoyant l’achat de 750 milliards de dollars d’énergie américaine sur trois ans, apparaît comme une tentative de réduire la dépendance européenne vis-à-vis d’autres fournisseurs. Toutefois, les analystes soulignent le caractère irréaliste de cet objectif, l’UE ayant importé moins de 80 milliards de dollars d’énergie américaine en 2024. Atteindre l’objectif de 250 milliards de dollars annuels nécessiterait de tripler les importations actuelles, un défi logistique et économique considérable dans un contexte où les projections indiquent une surcapacité mondiale de GNL de 6 à 13% d’ici 2030.

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