Le marché éolien américain a enregistré une croissance notable au premier trimestre, avec 2,1 gigawatts (GW) de nouvelles installations. Cette progression représente une augmentation de 91% par rapport à l’an dernier pour la même période. Toutes les nouvelles capacités installées proviennent d’activités onshore, confirmant l’attractivité de ce segment dans le contexte actuel.
Les incertitudes réglementaires pèsent sur la dynamique sectorielle
Malgré cette forte croissance en matière d’installations, le secteur fait face à des turbulences. Les commandes de turbines éoliennes pour le premier semestre ont chuté de 50% en glissement annuel, atteignant leur niveau le plus bas depuis 2020. Selon les prévisions publiées, la capacité totale ajoutée en 2025 pourrait atteindre 8,1 GW, englobant les projets onshore, offshore et les renouvellements de parcs existants.
Les opérateurs attribuent ce repli à la multiplication des incertitudes réglementaires, notamment la mise en place de nouveaux droits de douane et la perspective de changements de politiques fiscales. La récente adoption de l’« One Big Beautiful Bill Act » (OBBBA) bouleverse les critères d’éligibilité aux crédits d’impôt, tandis qu’une directive du Département de l’Intérieur vient renforcer l’examen des projets éoliens et solaires.
Évolution des perspectives sur les segments onshore et offshore
Le marché onshore devrait connaître une volatilité accrue jusqu’en 2029, période marquée par une réduction nette estimée à 430 MW dans les prévisions. Ce ralentissement est principalement imputé à la complexité croissante des procédures d’autorisation, au risque tarifaire et à la disparition programmée des incitations fiscales. Une intensification de l’activité est néanmoins anticipée en 2029 et 2030, les développeurs cherchant à maximiser les avantages fiscaux avant leur expiration.
Du côté offshore, le scénario demeure plus stable à court terme, les principaux projets étant déjà en construction. Les perspectives à cinq ans indiquent l’ajout de 5,9 GW de capacité éolienne en mer d’ici 2029. Cependant, aucun nouveau projet n’est attendu à la décision finale d’investissement au cours du prochain mandat présidentiel, ce qui pourrait ralentir la croissance du segment dans la décennie suivante.
Recomposition des stratégies d’investissement et dynamique régionale
La région de l’Ouest devrait concentrer près de 9,4 GW d’installations supplémentaires d’ici 2029, dépassant les autres territoires nationaux. Le passage de l’OBBBA modifie en profondeur la planification des projets, en déplaçant le critère d’accès aux crédits d’impôt du stade de « mise en service » à celui du « début de construction ». Cette évolution crée une fenêtre de douze mois pour lancer les chantiers et sécuriser le dispositif dit de « safe harbor » pour quatre ans, dans l’attente de la confirmation des modalités par l’Internal Revenue Service (IRS).
Les contraintes sur la chaîne logistique et les délais d’autorisation pourraient continuer à peser sur le calendrier des mises en service anticipées, incitant de nombreux acteurs à avancer leurs commandes d’équipements pour profiter des conditions actuelles.
À l’horizon 2029, le parc éolien national devrait atteindre 197 GW, dont 44 GW de nouvelles capacités réparties entre projets onshore, offshore et renouvellements. La modélisation sectorielle prévoit une hausse moyenne de 25% du coût actualisé de l’énergie (LCOE) en cas d’expiration des crédits d’impôt, contre une augmentation pouvant atteindre 10% pour les scénarios liés aux droits de douane. Selon Leila Garcia da Fonseca, directrice de la recherche, l’appui des politiques publiques demeure central dans le maintien du rythme d’installation du secteur éolien américain.