L’entreprise publique sud-africaine Eskom prévoit de porter sa capacité de production issue des énergies renouvelables à 32 gigawatts (GW) d’ici 2040, contre moins de 1GW actuellement. Dans le même temps, sa capacité de production au charbon serait réduite de 39GW à 18GW. Ces projections ont été présentées aux législateurs dans le cadre de la stratégie énergétique à long terme de l’entreprise.
Une nouvelle entité pour piloter la transition
Eskom a annoncé la création d’une entité interne dédiée aux énergies renouvelables, chargée de développer les projets de production et de nouer des partenariats avec des acteurs privés. Cette division sera responsable à la fois de la mise en œuvre de nouveaux projets et du « repowering » de plusieurs centrales à charbon arrivant en fin de vie. Le repowering consiste à remplacer les unités de production existantes par des installations utilisant des technologies plus récentes, incluant des sources renouvelables ou du gaz.
La société a déjà identifié plusieurs centrales thermiques pouvant faire l’objet de cette reconversion. Le programme s’appuiera sur une approche mixte combinant les projets greenfield et la transformation d’installations existantes, dans un pays où l’essentiel de la capacité installée reste encore dominé par le charbon.
Pression financière et contraintes réglementaires
L’objectif de transformation énergétique est cependant freiné par une dette structurelle estimée à 22.03bn USD, que l’entreprise qualifie de principale contrainte à la mobilisation de capitaux pour les renouvelables. Cette situation financière limite ses marges de manœuvre, alors que les besoins en investissements demeurent élevés.
Eskom fait également face à un endettement croissant des municipalités sud-africaines à son égard, ainsi qu’à des tarifs d’électricité régulés jugés inférieurs au seuil de rentabilité. L’entreprise considère que cette tarification compromet sa capacité à couvrir ses coûts d’exploitation et à investir dans des infrastructures nouvelles.
La régulation tarifaire au centre des enjeux
L’incertitude autour de la régulation des prix de l’électricité pèse lourdement sur la stratégie d’Eskom. La société soutient que le cadre réglementaire actuel ne permet pas d’assurer une rentabilité suffisante, ce qui complique les discussions avec les investisseurs potentiels. Elle appelle à une révision du modèle de fixation des tarifs pour garantir la viabilité économique des projets futurs.
Cette situation met en évidence les tensions entre les impératifs de sécurité d’approvisionnement, de réduction des émissions, et de stabilité économique du secteur public. Le développement de l’unité dédiée aux renouvelables dépendra largement de l’évolution des conditions réglementaires et de la capacité du gouvernement à sécuriser un cadre incitatif et stable pour les opérateurs du secteur.