Le Department of Commerce des États-Unis (DoC) a lancé le premier juillet une consultation publique de 21 jours sur l’éventuelle mise en place de droits de douane visant le silicium polycristallin et les drones civils. Fondée sur la section 232 du Trade Expansion Act de 1962, la procédure protège la sécurité nationale. La Chine contrôle plus de 90 % du marché mondial de silicium. Le DoC présentera ses conclusions au président des États-Unis Donald Trump dans les 270 jours.
Poids chinois sur le silicium
Le silicium polycristallin constitue la base des cellules photovoltaïques et des semi-conducteurs. Le cabinet Thunder Said Energy estime que Pékin a fourni 93 % de cette matière en 2024, une part notable provenant du Xinjiang. Les développeurs solaires américains restent dépendants des importations faute d’usines locales de purification. Washington juge ce déséquilibre stratégique pour ses programmes industriels et militaires.
La filière des appareils aériens pilotés à distance, communément appelés drones, présente une dépendance similaire. SZ DJI Technology assure environ huit ventes civiles sur dix, d’après Drone Industry Insights. Les policiers, agriculteurs et sociétés d’inspection des infrastructures dépendent largement de ces plateformes. Le DoC veut déterminer si cette concentration expose les réseaux critiques à d’éventuelles pressions étrangères.
Lobbying industriel et craintes de coûts
L’American Alliance for Solar Manufacturing soutient des droits qui inciteraient à investir dans de nouvelles fonderies nationales. La Solar Energy Industries Association craint au contraire qu’une surtaxe ne repousse neuf projets photovoltaïques sur dix annoncés cette année. Le syndicat des détaillants de drones souligne qu’un renchérissement frapperait directement l’agriculture de précision. Les auditions publiques offriront aux parties une tribune pour chiffrer ces impacts.
La consultation se terminera le 22 juillet avant l’ouverture d’audiences techniques et de réunions inter-agences, notamment avec le Department of Defense. La section 232 a déjà servi en 2018 pour taxer l’acier et l’aluminium, décisions toujours contestées à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le rapport final est attendu le 28 mars 2026. Le président disposera ensuite de 90 jours pour arrêter la politique tarifaire.
Répercussions sur le marché solaire
Les marchés énergétiques suivront le calendrier, car une hausse tarifaire renchérirait la chaîne de valeur solaire américaine. BloombergNEF calcule qu’une surtaxe de 15 % sur le silicium relèverait de trois cents le kilowatt-heure dans les derniers contrats d’achat. Plusieurs développeurs évoquent déjà un rééchelonnement de chantier. Le débat illustre la tension croissante entre coût de la transition et souveraineté industrielle.