La loi One Big Beautiful Bill Act (OBBBA), récemment promulguée aux États-Unis par l’administration Trump, redéfinit profondément les conditions d’investissements dans les marchés énergétiques américains, indique une étude publiée par Wood Mackenzie le 10 juillet. Selon ce rapport, les nouvelles mesures réduisent nettement les incitations fiscales allouées aux énergies renouvelables et renforcent parallèlement le soutien accordé au pétrole et au gaz naturel. Ces modifications créent une incertitude significative pour les investissements dans les énergies solaire et éolienne, tout en ouvrant des perspectives favorables pour les acteurs traditionnels des hydrocarbures. Le cabinet estime que ces changements auront des effets notables à court et moyen terme sur l’ensemble du secteur énergétique américain.
Énergies renouvelables confrontées à l’incertitude
L’OBBBA restreint l’accès aux crédits fiscaux pour les projets solaires et éoliens, fixant la date limite pour leur mise en service complète au 31 décembre 2027. Une exception temporaire est cependant prévue : les projets débutés dans les 12 mois suivant l’adoption de la loi pourront bénéficier d’une période additionnelle jusqu’à la mi-2030. Selon Wood Mackenzie, ces nouvelles contraintes engendreront une accélération temporaire des projets solaires entre 2025 et 2026. Cependant, le rapport prévoit une baisse significative des nouvelles installations à long terme, estimée à environ 17 % pour le solaire sur dix ans, pour atteindre potentiellement 375 GWac, et à 20 % pour l’éolien sur la même période.
En complément de l’OBBBA, une ordonnance exécutive récente limite davantage les subventions pour les technologies énergétiques liées à des entités étrangères, notamment chinoises. Cette mesure complique encore davantage la rentabilité des projets d’énergie renouvelable. Le stockage énergétique bénéficie toujours du crédit d’impôt à l’investissement jusqu’en 2030, mais fait face à des contraintes strictes concernant les cellules d’origine chinoise, précise Wood Mackenzie.
Nouveau souffle pour le pétrole et le gaz
À l’inverse, les secteurs pétrolier et gazier profitent directement des nouvelles orientations fixées par l’OBBBA. Parmi les mesures phares figurent des ventes trimestrielles obligatoires de concessions pétrolières et gazières dans neuf États de l’ouest des États-Unis, ainsi que 30 ventes supplémentaires dans le Golfe du Mexique sur les 15 prochaines années. La loi prévoit également une réduction des taux de redevance sur l’exploitation terrestre, qui passent de 16,67 % à 12,5 %, ainsi que la réouverture de l’Arctic National Wildlife Refuge en Alaska aux enchères pétrolières.
Le secteur du captage, de l’utilisation et du stockage du carbone (CCUS, Carbon Capture, Utilization and Storage) bénéficie de conditions fiscales améliorées. Les crédits d’impôts (45Q) sont désormais identiques pour la récupération assistée du pétrole (EOR, Enhanced Oil Recovery) et pour la séquestration géologique. Les opérateurs disposant déjà d’infrastructures CCUS-EOR seront particulièrement avantagés, selon l’analyse de Wood Mackenzie.
Mobilité électrique en recul
La suppression des crédits fiscaux à l’achat de véhicules électriques devrait diminuer leur part de marché américaine en 2030, passant de 23 % initialement prévue à seulement 18 %. Selon les prévisions de Wood Mackenzie, cette réduction de la demande en véhicules électriques pourrait entraîner une contraction de 6 à 8 % du marché mondial des batteries lithium-ion en 2030. La demande mondiale en lithium, nickel, cobalt et graphite devrait en conséquence être affectée, bien que certaines dispositions puissent favoriser les producteurs nationaux américains.
Conséquences à l’échelle mondiale
David Brown, directeur de la recherche sur la transition énergétique chez Wood Mackenzie, souligne dans l’étude que ces nouvelles mesures pourraient retarder la transition énergétique aux États-Unis. « Cette législation illustre clairement les défis que rencontrent les investisseurs en énergie : gérer l’incertitude liée à des changements politiques fréquents, tout en s’engageant dans des actifs dont la durée d’exploitation dépasse souvent trente ans », a-t-il indiqué.