Les géants énergétiques BP et Shell ont signé des protocoles d’accord distincts avec la compagnie nationale pétrolière libyenne, la National Oil Corporation (NOC), afin d’évaluer les possibilités de développement de plusieurs champs pétroliers du pays. Ces accords visent à renforcer la production nationale libyenne, notamment en redémarrant des exploitations à l’arrêt depuis plusieurs années en raison des tensions politiques et militaires. La signature de ces protocoles intervient à un moment stratégique pour la Libye, alors que les niveaux de production pétrolière connaissent une augmentation significative depuis le début de l’année. La volonté affichée par la NOC est de poursuivre cette tendance haussière, en augmentant sensiblement le rythme des extractions au cours des prochaines années.
BP cible les champs historiques Sarir et Messla
Dans le cadre de cet accord, BP s’engage à étudier en profondeur la faisabilité technique et économique d’une reprise d’exploitation des champs terrestres de Sarir et Messla situés dans le bassin de Syrte. Ces champs représentent un intérêt stratégique majeur compte tenu de leur taille et de leur potentiel productif initial, bien qu’ils aient été largement négligés durant la dernière décennie en raison de l’instabilité sécuritaire. BP prévoit aussi d’évaluer la possibilité d’exploiter des ressources non conventionnelles dans cette région riche en hydrocarbures, ouvrant potentiellement une voie supplémentaire pour accroître la production nationale libyenne.
Selon William Lin, vice-président exécutif chargé du gaz et des énergies bas carbone chez BP, cet accord marque une volonté ferme de la société britannique de renforcer sa présence en Libye. La NOC, représentée par son président Masoud Suleman lors de la cérémonie de signature, a de son côté affiché clairement son intention de voir BP jouer un rôle significatif et durable dans le renouveau de l’industrie pétrolière nationale. Ce partenariat rappelle celui signé précédemment en Irak, où BP avait relancé des champs matures dans la région de Kirkouk, avec succès.
Shell se positionne à l’ouest, près de l’Algérie
De son côté, Shell a conclu un accord visant à évaluer les perspectives d’exploitation du champ pétrolier d’Al-Atshan, situé dans le bassin d’Illizi à l’ouest du pays, à proximité de la frontière algérienne. Ce protocole implique une analyse approfondie du potentiel économique et technique des gisements concernés, entièrement détenus par la NOC. Shell, par le biais d’un porte-parole, a confirmé cette initiative stratégique sans préciser davantage de détails quant à l’échéance ou aux modalités exactes des études à venir. La zone concernée est particulièrement attractive en raison de sa proximité géographique avec d’autres infrastructures pétrolières déjà existantes.
La Libye, malgré des conditions politiques et sécuritaires complexes depuis plus d’une décennie, demeure un acteur clé sur le marché pétrolier international grâce à ses réserves significatives d’hydrocarbures. La NOC a récemment affirmé viser une production de 1,6 million de barils par jour (b/j) à l’horizon 2026, avec un objectif encore plus ambitieux fixé à 2 millions de b/j en 2030. Cette augmentation de production est considérée comme essentielle pour assurer la stabilité économique du pays, dont les revenus dépendent fortement du secteur pétrolier.
Des défis persistants pour une industrie cruciale
Ces initiatives interviennent néanmoins dans un contexte toujours précaire, marqué par des tensions politiques internes qui affectent régulièrement les opérations pétrolières. Les infrastructures énergétiques du pays restent particulièrement exposées à des perturbations fréquentes dues à l’instabilité politique et aux conflits armés régionaux. Malgré cela, les autorités libyennes continuent d’afficher leur volonté d’attirer de nouveaux investissements étrangers afin de redresser durablement l’économie nationale grâce à une reprise solide de la production d’hydrocarbures.
Ces accords avec BP et Shell s’inscrivent dans une logique plus large de diversification des partenariats stratégiques, visant à sécuriser durablement les infrastructures et à maximiser le potentiel économique des réserves pétrolières libyennes. Alors que les observateurs internationaux restent prudents sur la viabilité à long terme de tels projets dans un environnement volatile, les entreprises concernées affichent leur détermination à poursuivre leurs évaluations techniques et financières en vue de développements futurs potentiellement substantiels.