Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Tim Hodgson, a annoncé l’octroi de CAD21,5mn ($15,8mn) pour soutenir des technologies de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC) en Alberta. L’enveloppe, dévoilée le 4 juillet, sera répartie entre Bow Valley Carbon Cochrane, le centre Open Access Wabamun et le pôle Origins d’Enhance Energy. Canadian Newswire a rapporté le même jour que les fonds financeront la caractérisation de sites de stockage, l’ingénierie de pipelines dédiés et la validation de solutions géophysiques avancées. Ottawa précise que le financement provient du Programme d’innovation énergétique, instrument clé du budget 2021 destiné à accélérer la décarbonation industrielle.
Détails des projets
Bow Valley Carbon Cochrane, piloté par Inter Pipeline et Entropy, prévoit d’injecter jusqu’à un million de tonnes de dioxyde de carbone par an dans des formations salines proches de Cochrane, à l’ouest de Calgary. Le projet doit confirmer le potentiel de séquestration de l’ouest albertain et réduire les émissions de l’usine d’extraction voisine. Selon Inter Pipeline, les travaux de surveillance sismique financés par Ottawa permettront de suivre en temps réel la migration du CO₂. L’entreprise estime que la mise en service commerciale pourrait intervenir dès 2028 sous réserve d’autorisations provinciales.
Enbridge recevra une part de l’aide pour son hub Open Access Wabamun, destiné à connecter plusieurs émetteurs industriels situés au nord et à l’ouest d’Edmonton. Le transporteur d’hydrocarbures prévoit un réseau de plus de 180 kilomètres de conduites capables d’acheminer 12 mn de tonnes de CO₂ par an vers des réservoirs salins profonds. Cinq communautés autochtones locales disposeront d’une option de copropriété une fois les infrastructures construites, a indiqué le vice-président Colin Gruending. Enbridge table sur une décision finale d’investissement avant la fin de 2026.
Financement fédéral élargi
Les crédits annoncés s’ajoutent aux CAD319mn budgétés sur sept ans pour la recherche, le développement et la démonstration de technologies CUSC. Ottawa propose en parallèle jusqu’à CAD93bn d’incitatifs fiscaux d’ici 2034 afin d’accélérer les investissements privés dans les infrastructures sobres en carbone. Le ministère estime que la filière pourrait soutenir plus de 35 000 emplois canadiens au cours de la prochaine décennie. Dans son dernier plan budgétaire, le gouvernement a confirmé que le crédit d’impôt à l’investissement pour CUSC restera plafonné à 50 % des dépenses admissibles.
OptiSeis Solutions utilisera la subvention fédérale pour tester une interprétation sismique haute résolution visant à optimiser les programmes de surveillance post-injection. OCCAM’s Technologies déploiera, de son côté, un prototype de moteur diesel modifié capable de réduire jusqu’à 40 % des émissions de CO₂ grâce à un micro-réacteur intégré. Ces deux initiatives doivent démontrer l’applicabilité de systèmes compacts à basse pression sur des sites éloignés où le raccordement au réseau de transport de CO₂ demeure limité. Tim Hodgson a déclaré que ces projets « montrent à la planète qu’[le Canada] ne se contente pas de parler d’énergie propre – il en produit ».
Perspectives sectorielles
Selon les données officielles, l’Alberta représente près de 70 % des émissions industrielles canadiennes, faisant de la province un axe prioritaire pour les projets de captage. Le gouvernement estime qu’une capacité annuelle de 30 mn de tonnes serait nécessaire pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Les investisseurs observent de près la stabilité du cadre fiscal avant de prendre des décisions finales d’investissement, en particulier sur le prix du carbone fédéral. « Ces installations ouvriront la voie à la réduction des émissions à long terme dans la région », a déclaré Paul Hawksworth, directeur général d’Inter Pipeline, soulignant le rôle clé du soutien public.