Le 3 juillet, le navire d’installation d’éoliennes Norse Energi a été mis à l’eau au chantier Yantai CIMC Raffles Offshore, situé dans la province chinoise du Shandong. Cette étape majeure intervient six mois après la découpe de la première tôle, suivant un calendrier que DEME qualifie de rigoureux. Long de 214 mètres, le jack-up est conçu par le cabinet néerlandais GustoMSC pour manipuler des turbines affichant un diamètre de rotor supérieur à 300 mètres et des monopieux pouvant atteindre 3 000 tonnes. Le groupe belge planifie une livraison commerciale au premier trimestre 2026, juste après celle de son sister-ship Norse Wind attendue au quatrième trimestre 2025.
Capacités adaptées aux composants XXL
Norse Energi dispose d’un pont dégagé de 2 500 mètres carrés et d’une grue principale capable de lever 5 000 tonnes, une marge indispensable pour les fondations de prochaine génération dépassant 120 mètres de longueur. Le système de propulsion intègre un mode bi-carburant qui pourra accepter du méthanol vert lorsqu’il sera disponible à l’échelle industrielle. Une batterie embarquée de quatre mégawattheures doit lisser les pics de puissance lors des opérations de levage et réduire la consommation instantanée de carburant. La société norvégienne DNV a délivré en mars son approval in principle pour cette architecture énergétique, validant la conformité aux dernières normes d’efficacité.
Pression croissante sur le marché des navires spécialisés
Selon le cabinet 4C Offshore, la puissance moyenne des turbines mises en mer dépassera quinze mégawatts d’ici 2028, entraînant un accroissement rapide des masses à installer. L’analyste Clarksons Shipping prévoit que les taux journaliers pour les unités de levage lourd de nouvelle génération pourraient franchir les $350 000 d’ici 2027. DEME anticipe cette tension en ajoutant trois navires spécialisés à son portefeuille depuis vingt-vingt-et-un, renforçant ainsi sa couverture contractuelle sur les appels d’offres européens, américains et asiatiques. Le lancement de Norse Energi s’inscrit dans ce plan dont la valeur unitaire est estimée à €350 mn ($380 mn) par les données compilées par Offshore Energy le 3 mai.
Collaboration sino-belge consolidée
Le partenariat entre DEME et CIMC Raffles remonte à deux mille dix-sept, lorsque les deux sociétés avaient coopéré sur des navires pose-câbles. « Les équipes d’ingénierie conjointes ont réduit les risques de planning en optimisant l’intégration des blocs », a déclaré Wang Jian, directeur du chantier, cité par le communiqué de l’entreprise. DEME indique que le projet a enregistré zéro accident avec arrêt de travail depuis le début de la construction. Aucun montant contractuel n’a été rendu public, mais le groupe souligne que toutes les étapes ont respecté les critères de sécurité fixés par l’accord initial.
Logistique et mobilité des futures campagnes
Une fois livré, Norse Energi appareillera directement vers la mer du Nord pour une série de tests de chargement avant de rejoindre éventuellement des marchés émergents en Asie-Pacifique. Le choix d’une construction en Chine diminue la distance de transit pour les projets au Japon, en Corée du Sud ou à Taïwan, réduisant ainsi les jours de mobilisation de dix % par rapport à un départ d’Europe. La classe mobilité offshore de DEME comptera alors cinq unités capables de transporter des composants d’éoliennes géantes, renforçant l’offre du groupe face à la concurrence néerlandaise et danoise. Les données du Global Wind Energy Council montrent que la capacité moyenne des turbines raccordées l’an dernier a atteint douze mégawatts, confirmant l’intérêt commercial d’une flotte orientée vers les machines de grande taille.
Perspectives de mise en service
Les travaux d’aménagement à quai se poursuivront pendant huit mois, incluant l’installation des treuils, des systèmes de positionnement dynamique et des logements pour cent soixante marins. Les essais en mer sont programmés pour le mois de novembre, suivis d’une inspection de conformité par DNV avant le transfert de propriété. DEME a déjà sécurisé des options de contrat pour Norse Energi sur des champs éoliens britanniques dont la production doit débuter en 2027. Le directeur général Luc Vandenbulcke a rappelé que la société « investit pour maintenir un niveau de service en phase avec l’accélération du secteur », sans préciser davantage le carnet de commandes.