La France pourrait voir en 2025 un ralentissement marqué dans le rythme de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Selon les estimations prévisionnelles du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), les émissions nationales hors puits de carbone augmenteraient de 0,2 % au premier trimestre par rapport à la même période en 2024, atteignant ainsi 104,2 millions de tonnes équivalent dioxyde de carbone (Mt CO₂e).
Influence notable du secteur immobilier
La hausse constatée sur ce trimestre est majoritairement liée au secteur des bâtiments, dont les émissions ont augmenté de 5,2 %, soit 1 Mt CO₂e supplémentaires. Cette augmentation est directement imputable aux températures nettement inférieures enregistrées durant les trois premiers mois de l’année 2025 comparativement à l’année précédente. Parallèlement, les émissions du secteur énergétique ont également légèrement progressé de 0,5 %, sous l’effet d’une consommation accrue liée au chauffage urbain.
En revanche, plusieurs secteurs montrent des tendances inverses, permettant d’atténuer quelque peu la hausse globale des émissions. Le secteur des transports affiche une baisse notable de 2,5 %, représentant une diminution de 0,7 Mt CO₂e, principalement due à la réduction des émissions des véhicules à motorisation diesel. Le secteur de l’industrie manufacturière connaît également une légère baisse de 0,5 % des émissions.
Prévisions globales mitigées pour 2025
Malgré cette progression au premier trimestre, le Citepa prévoit une baisse globale des émissions pour l’année complète 2025 estimée à 0,8 % par rapport à 2024, pour atteindre un total annuel de 366 Mt CO₂e. Cette diminution serait toutefois largement insuffisante par rapport aux objectifs nationaux fixés dans la Stratégie nationale bas-carbon n°3, qui nécessitent une baisse annuelle moyenne de 5 % entre 2024 et 2030 afin d’atteindre une réduction de 50 % des émissions brutes à l’horizon 2030 par rapport à 1990.
En réaction à ces résultats, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, a appelé à une « remobilisation collective », insistant sur l’importance économique et climatique d’amplifier les efforts, notamment dans les secteurs des bâtiments et des transports. La ministre a qualifié les prévisions de « très mauvaises » et souligné l’urgence de « corriger ce qui bloque et amplifier ce qui fonctionne », afin de redresser la trajectoire nationale.