La National Oil Corporation (NOC) de Libye a annoncé le trois juillet la remise en service de l’oléoduc Hamada-Zawiya, immobilisé depuis la fuite du vingt-quatre mai. La conduite transporte le brut issu du champ pétrolier de Hamada vers la raffinerie de Zawiya, principale installation de raffinage nationale. L’interruption, d’une durée de six semaines, avait stoppé la fourniture intérieure de carburants et contraint l’opérateur à suspendre le pompage sur le champ. Agence Ecofin a rapporté le quatre juillet que les débits ont repris à pleine capacité dès la validation des tests de pression.
Réparation et sécurité du réseau
Les équipes techniques de Arabian Gulf Oil Company (AGOCO), filiale de la NOC, ont isolé la section perforée, fermé la vanne amont et transféré le brut piégé vers le champ voisin de Tahara afin d’éliminer toute surpression. Le tronçon endommagé a ensuite été purgé, découpé et remplacé par un segment neuf de quatorze pouces. Selon la NOC, les essais d’étanchéité ont validé la remise en charge sans baisse de pression observable. Aucun chiffre officiel n’a pour l’instant été communiqué sur les volumes perdus durant l’incident.
Le complexe de Zawiya, d’une capacité nominale de 120 000 barils par jour, couvre environ la moitié de la demande nationale en carburants liquides. Son arrêt forcé a obligé la General Electricity Company of Libya à augmenter les importations de diesel pour garantir l’alimentation des centrales électriques côtières. Faute de stockage tampon suffisant, le champ de Hamada a cessé la production afin d’éviter tout débordement sur les installations amont. Le ministère du Pétrole a indiqué qu’une évaluation complète des dommages financiers serait publiée une fois les mesures de comptage consolidées.
Vieillissement du parc d’oléoducs
Les fuites récurrentes soulignent la fragilité d’un réseau posé pour partie à la fin des années soixante. En janvier 2021, une brèche sur la ligne Samah-Zawiya avait entraîné une perte quotidienne de 200 000 barils, tandis qu’en juin de la même année deux ruptures simultanées sur l’axe Sarir-Messla-Hariga avaient réduit les exportations de 290 000 barils. La NOC estime que près de sept cents kilomètres de conduites dépassent leur durée de vie théorique et présentent un risque de corrosion accru. Les techniciens recommandent un programme de télédétection systématique pour localiser les points chauds avant qu’une nouvelle fuite ne provoque une interruption majeure.
Investissements nécessaires
Lors d’une conférence à Tripoli en décembre 2023, Farhat Bengdara, président de la NOC, avait évalué à USD17bn le budget requis pour remplacer les tronçons critiques et porter la production nationale à deux millions de barils par jour d’ici cinq ans. Il avait précisé que le financement devrait provenir de partenariats public-privé et de crédits concessionnels rattachés à la loi sur la reconstruction votée la même année. La société d’ingénierie Petro-Services élabore actuellement un schéma directeur visant à standardiser les diamètres et les revêtements anticorrosion sur l’ensemble du réseau. « Les principaux projets qui permettraient d’augmenter la production nationale concernent l’entretien des oléoducs installés dans les années 1960. Ces conduites ont atteint leur durée de vie maximale et doivent être remplacées », avait-il rappelé devant les délégués.