Avec seulement 251 MW de capacités renouvelables installées en 2024, dont 58 MW provenant du solaire, Madagascar dispose encore de ressources limitées en énergies renouvelables, selon le rapport Renewable Energy Capacity Statistics 2025 publié par l’Agence Internationale pour les Énergies Renouvelables (IRENA). Dans ce contexte, Global South Utilities (GSU), société basée aux Émirats arabes unis, vient d’annoncer la signature de deux accords avec le gouvernement malgache, prévoyant initialement la construction d’une centrale solaire de 50 MW assortie d’une capacité de stockage de 25 MWh dans la région de Moramanga, suivie potentiellement de 250 MW supplémentaires, sous réserve des études de faisabilité.
Des capacités énergétiques à renforcer
Selon les données de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), Madagascar produisait encore en 2022 près de 46 % de son électricité à partir de combustibles pétroliers, contre seulement 31 % issue de barrages hydroélectriques. Le projet de Global South Utilities, s’il se concrétise totalement, pourrait représenter une part substantielle de l’objectif fixé par le Pacte énergétique national pour Madagascar, visant à atteindre 893 MW de capacités renouvelables d’ici à 2030. Ainsi, la première tranche de 50 MW augmenterait la capacité solaire actuelle du pays de près de 85 %.
Le lieu choisi pour ce développement, proche du réseau interconnecté d’Antananarivo, est stratégique, ce réseau concentrant 60 % de la demande électrique du pays. Pourtant, l’infrastructure existante est vieillissante et régulièrement saturée, avec des installations datant pour beaucoup des années 1980. Cette vétusté est accentuée par les difficultés financières de l’opérateur public Jiro sy rano malagasy (JIRAMA), responsable de la fourniture d’électricité à Madagascar.
Des défis techniques et financiers majeurs
L’un des principaux défis réside dans la bancabilité du projet. La société publique JIRAMA, futur acheteur potentiel de l’électricité produite par GSU, affiche régulièrement des difficultés financières et une capacité limitée à honorer ses paiements, représentant ainsi un risque significatif pour la viabilité économique des investissements privés dans le secteur électrique à Madagascar.
Par ailleurs, bien que la première phase du projet prévoie 25 MWh de stockage pour stabiliser le réseau, l’intégration d’une éventuelle capacité supplémentaire de 250 MW nécessiterait des investissements substantiels en matière de stockage, afin d’assurer la stabilité du réseau national.
Accès énergétique limité pour la population
Selon les statistiques récentes de la Banque mondiale, seuls 36 % des Malgaches ont accès à l’électricité, et seuls 14 % utilisent des moyens de cuisson propre. Cette situation entretient un frein important à la croissance économique et à la réduction des importations coûteuses de combustibles fossiles.
L’initiative avec Global South Utilities s’inscrit ainsi dans une stratégie globale de diversification des partenaires internationaux de Madagascar, en s’appuyant sur des acteurs issus de pays du Golfe. Cependant, la pleine réalisation de ces accords reste subordonnée à des réformes structurelles au sein de JIRAMA et à des investissements majeurs dans la modernisation et l’expansion des infrastructures existantes.