Les investissements mondiaux consacrés à l’exploration et à la production pétrolière pourraient reculer dès cette année, marquant ainsi la première baisse observée depuis l’année 2020. Ce recul s’explique principalement par un contexte international instable et une prudence accrue des entreprises pétrolières face à la volatilité économique. D’après les prévisions récentes publiées par JP Morgan, les dépenses globales du secteur pourraient diminuer de 1,1 %, passant à 543 milliards de dollars contre près de 549 milliards l’an passé. Ce ralentissement intervient alors que les entreprises cherchent à préserver leur équilibre financier face à des variations imprévisibles des cours du pétrole.
Les producteurs américains jouent la prudence
Aux États-Unis, les entreprises du secteur pétrolier, notamment celles spécialisées dans le pétrole de schiste, prévoient une diminution de leurs dépenses d’environ 1,9 %. Malgré cette prudence budgétaire, elles ont renforcé leurs stratégies de couverture financière (hedging) lors des récentes flambées des prix pétroliers. Ainsi, environ 250 millions de barils, représentant une part significative de la production prévue pour la période allant de fin 2025 à début 2027, ont été sécurisés par ces contrats. Selon JP Morgan, ces couvertures pourraient toutefois soutenir une croissance modérée de la production américaine de brut et condensats, estimée à 253 000 barils par jour en 2025.
Politiques américaines et incertitudes sectorielles
Les choix d’investissement aux États-Unis restent fortement influencés par l’environnement politique national. L’enquête trimestrielle récente de la Réserve fédérale de Dallas (Dallas Federal Reserve Bank) révèle que les dirigeants d’entreprises pétrolières affichent une inquiétude croissante vis-à-vis des incertitudes réglementaires américaines. En effet, l’indicateur global d’activité dans le secteur énergétique, calculé par cette même enquête, affiche désormais une valeur négative de -8,1 contre 3,8 lors du trimestre précédent. Les prévisions des entreprises demeurent ainsi pessimistes, avec un indice d’activité anticipée à -6,4, traduisant une incertitude persistante.
Baisse marquée en Asie et Amérique latine
À l’échelle internationale, la région Asie-Pacifique pourrait connaître la réduction budgétaire la plus importante, avec une baisse estimée à près de 5 %. En Chine, deux grandes compagnies nationales, PetroChina et Sinopec, ont annoncé officiellement une diminution de leurs investissements en exploration-production pour 2025. L’Amérique latine connaît également une tendance similaire : au Mexique, la compagnie nationale Petróleos Mexicanos (Pemex) est confrontée à une crise d’endettement importante. En Colombie, Ecopetrol, entreprise nationale, a également communiqué sa volonté de réduire sensiblement ses coûts d’exploitation.
Hausse prévue de la production malgré les coupes budgétaires
En dépit des réductions annoncées, JP Morgan anticipe une augmentation de la production mondiale de pétrole de 2,3 millions de barils par jour en 2025. Cette prévision s’explique notamment par des gains d’efficacité opérationnelle et des réductions significatives des coûts de production enregistrées depuis plusieurs années. Cette évolution témoigne ainsi d’une nouvelle dynamique d’investissement où la productivité devient prioritaire sur le volume des capitaux engagés, ouvrant ainsi une réflexion stratégique sur l’équilibre à long terme entre prudence financière et performance opérationnelle.